Match de Ping Pong (Go) entre Keith Kouna et le public de l’Impérial Bell

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L’ambiance à l’Impérial Bell était électrique le 10 mai dernier alors que Keith Kouna nous offrait l’un de ses plus gros spectacles de la tournée pour promouvoir son dernier opus « Métastases ». Pour ma part, j’avais vu une version écourtée du spectacle le 13 juillet dernier [2023] au festival OFF en raison d’un orage aux allures de fin du monde. J’avais donc bien hâte d’assister au concert dans son entièreté! Magnifique bonus, ce sont les deux musiciens chouchous de Québec, Ping Pong Go, qui se chargeaient de la première partie.

Ping Pong Go

Vous ne connaissez pas Ping Pong Go? D’abord remédiez-y en allant écouter l’excellent album éponyme de 2022. De plus, il y a fort à parier que vous avez déjà vu le duo de P-E Beaudoin et Vincent Gagnon respectivement derrière la batterie et de multiples claviers sur scène avec certains artistes de renom de Québec, comme Lou-Adriane Cassidy ou bien un certain Hubert Lenoir par exemple. Les deux musiciens, qui sont accompagnés sur scène par Lysandre Ménard aux claviers et Cédric Martel à la basse, ont baptisé leur style musical de « jazz de jeu vidéo ». De la musique majoritairement instrumentale où les expérimentations aux claviers et synthétiseurs sont misent de l’avant. D’ailleurs on a parfois l’impression que Vincent et Lysandre se livrent un duel musical aussi féroce que si on était à la finale olympique de ping-pong! Le groupe nous offre entre autres sa dernière pièce, Racket Man, parue le 14 février dernier, on se croirait un peu dans Wii Sports sur le mush avec l’ambiance créée par cette chanson. Un élément toujours mémorable des spectacles de Ping Pong Go est bien évidemment la présence d’une harpe laser pour la pièce Oiseau. Les lumières dans la salle s’éteignent alors que P-E quitte sa batterie pour venir allumer la fameuse harpe aux faisceaux vert et rouge et enfiler des gants avant d’interpréter les différentes notes de la chanson sous le regard ébahi de la foule. « On se revoit tantôt avec Kouna dans le fond » lance le batteur avant de jouer la dernière pièce du set, parce que oui, en plus d’être la première partie les quatres musicien.nes seront de retour pour accompagner la tête d’affiche quelques instant plus tard. C’est l’exaltante Corvette qui termine cette prestation, un morceau qui donne le goût de rouler à vive allure à bord d’une décapotable sur le bord de l’eau! Après cette excellente ouverture de soirée, les quatres membres soulèvent un trophée et quittent la scène de façon triomphante.

Keith Kouna

En attendant la venue de Keith Kouna sur la scène, la soif se fait sentir et une visite au bar me fait réaliser que l’Impérial au complet semble assoiffé! D’ailleurs le chanteur, ou plutôt le commandant, débute le spectacle en nous souhaitant la bienvenue à bord du vol Métastases KK47 à destination de Québec, Québec Rock City, en nous rappelant l’importance d’aller au bar si jamais ça va moins bien. Sylvain Côté, de son vrai nom, est entouré sur scène par Vincent Gagnon (claviers), P-E Beaudoin (batterie), Cédric Martel (basse), Martien Bélanger (guitare) et un trio de choristes toutes étoiles composé de Lysandre Ménard, Odile Marmet-Rochefort et Ariane Roy. Ces dernières semblent avoir énormément de fun à accompagner le chanteur, elles ajoutent vraiment une magnifique dimension aux chansons.

Après un bref hommage à son Saint-Aug’ natal, Keith Kouna nous offre sa nouveauté toute fraîche Marina, son hit de l’été comme seulement lui en est capable d’écrire. Des ballons de plage seront même distribués parmi le public, le chanteur suggérant cependant de les détruire après la toune parce que c’est dérangeant. Le leader des Goules nous avoue avoir réussi l’impossible, soit d’arrêter de fumer. Il nous raconte qu’il garde toutefois un cartoon de Marlboro dans le congélateur en cas d’urgence, une façon assez singulière d’introduire la pièce Américaines, une triste balade sur passer le temps en fumant des cigarettes américaines. Si cette dernière se veut assez tranquille, l’intensité monte d’un ton avec une section où les chansons plus rapides s’enchaînent, à commencer par DBM, les moshpits ont évidemment éclaté comme si on était à un show des Goules. Durant La Joyeuse, Kouna se permet même une petite séance de body surfing pendant que Vincent se lâche lousse aux claviers. On voit ensuite le guitariste sauter au parterre et déclencher un circle pit pendant que les autres musiciens interprètent l’hilarante Les vieux qui courent. Une fois Martien de retour sur scène, c’est la chanson par excellence pour se défouler qui est jouée, soit Les gens, le public en entier s’offre une petite séance de criage collective.

Chez ecoutedonc.ca nous sommes pas mal reconnu.es pour chialer sur les personnes qui parlent durant les spectacles, ça m’a donc bien fait sourire de voir Kouna lâcher un « C’est moi ou ça jase? » pendant Les requins un morceau pas mal trop calme pour jacasser. Il a ensuite renchéri en disant « Choisissez vos tounes pour jaser. » Une chanson où la musique pouvait enterrer les discussions est clairement Le tape, un moment fort du spectacle. Un crescendo d’émotions qui culmine avec un gros jam de claviers entre Vincent et Keith qui s’énervent dans un genre de capharnaüm amplifié par les lumières stroboscopiques rouges. Les musiciens et choristes quittent finalement la scène après la plus posée Aux quatre vents.

Sans grande surprise, le chanteur réapparait en lançant « Vous l’aurez voulu, vous êtes pas tanné? » Seul Martien viendra l’accompagner à la guitare acoustique pour le rappel qui débute par Rue Richard. Au grand plaisir de plusieurs, des classiques du répertoire des Goules sont joués par Kouna en solo à la guitare acoustique, dont la très populaire Crabe. Le claviériste des Goules Rabin Kramaslabovitch monte même sur scène pour faire des backs sur celle-ci alors que le moshpit est particulièrement intense pour une performance acoustique. Avant de se lancer dans Coat de cuir le chanteur mentionne « J’aime beaucoup les Goules moi, c’est mon band préféré », un sentiment qui semble partagé par énormément de personnes à l’Impérial. On enchaîne avec Batiscan où le public s’est instinctivement assis sur le plancher de la salle pour un magnifique moment fort en émotion. C’est finalement l’excellente Au revoir qui termine cette prestation de merveilleuse façon.

C’est vraiment un excellent spectacle que nous a offert Keith Kouna, bien accompagné par des musicien.nes au talent indéniable. La foule était vraiment dans un état d’esprit de fête, j’ai vu plus de body surfing ce soir-là que dans bien des shows punk ou hardcore d’artistes internationnaux. Si j’avais capoté sur le spectacle écourté aux allures de fin du monde l’été dernier, y assister dans son intégralité dans une si belle salle était véritablement quelque chose. Keith Kouna est vraiment un diamant brut de la scène locale, une plume exceptionnelle avec une vision particulière sur la société, le tout dans un esprit foncièrement punk. Et que dire de Ping Pong Go en première partie avec un style bien unique qui lançait parfaitement la soirée.

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