Le 11 octobre dernier, le Pantoum nous réservait une soirée à la fois douce et dansante avec la formation indie rock et dream pop montréalaise Grand Eugène et le groupe indie de Québec Pastel Barbo. Il faut le dire, c’était une des soirées les plus pantoumesques que j’ai vu depuis un moment et l’univers des deux groupes se mariait à merveille.
Pastel Barbo
Gabriel Brisson et ses musiciens, tous vêtus de chemises couleur pastel au style dandy, sont venus nous présenter leurs chansons aux accents bedroom pop aux rythmes doux. Les accords de guitare sont grattés avec gentillesse comme pour ne pas réveiller les voisins qui dorment à côté. Les musiciens semblent plutôt détendus. L’imagerie du groupe tend vers des contrées psychédéliques rose pastel et dérive vers le kitsch. Sur scène, des mannequins seulement vêtus d’une casquette les accompagnent sur scène pour créer une ambiance. Tout en restant minimaliste et bien jaugé, la ligne est mince entre rétro et ringard, mais avec du goût, le groupe sait tomber du bon côté de la force.
Pastel Barbo sait autant donner en moments tranquilles et introspectifs qu’en moments dansants. Le chanteur s’exclame : « Bon là c’est fini, le bout plate, on va maintenant jouer une nouvelle chanson, qui reste mélancolique, car je ne peux pas faire de miracle avec ce que je suis! » On passe maintenant à cette nouvelle chanson plus lumineuse définitivement plus upbeat que les chansons qui ont précédé. Quelqu’un s’écrit « Ouais, on veut danser! ». Je crois qu’il été servi. Tout le monde danse avec réserve, à l’image de la musique de Pastel Barbo. Les moments forts étaient certainement les chansons figurant sur l’album paru en 2023 intitulé Microcosme comme Clopin-Clopant et Calorifère (chanson écrite pour sa blonde). Elles représentent à bien l’univers de Pastel Barbo.
Grand Eugène
La musique de Grand Eugène me fait toujours du bien. Je me ferme les yeux et je fais un voyage en me berçant doucement. Les chansons du groupe me donnent ce sentiment indescriptible entre nostalgie et espoir. Vous savez, celui que l’on peut ressentir sur la route en regardant à travers de la fenêtre d’un autobus en repensant à notre vie. Je ferais bien un roadtrip au son de Grand Eugène. Justement, le voyage, c’est dans les veines du groupe qui a commencé avec des démos de Jérémy Lachance sur « un coin de table d’un appartement sur Commercial Street à Vancouver » et le reste du groupe à Montréal. Ses balbutiements qui ont été influencés par l’isolement pandémique et sont orientés vers la Main malgré la distance. On comprend également comment cette musique arrive à voyager au-delà des frontières du Québec, du Mile-End jusqu’aux Rocheuses et plus loin encore. Les paroles dans un français minimaliste laissent place au groove de la musique.
Sur scène, des télés rétro d’une autre époque font jouer des vidéos énigmatiques. Dès les premiers instants, on peut bien sentir la convivialité entre le guitariste et compositeur Jérémy Lachance et la chanteuse Melyssa Lemieux.
Je dirais que la dream pop est à la pop ce que le shoegaze est au rock, donc il est facile de faire le parallèle entre ces deux styles et arriver à bien comprendre la vibe. Le groupe arrive à trouver l’équilibre entre moments calmes et moments dansants. Grand Eugène, ça marche tout simplement. Cette musique introvertie, qui nous rend pensifs est toutefois dynamique dans ses détails. La musique est réconfortante et on se sent bercé par une vague. Particulièrement avec la chanson Décembre, on se sent voguer sur l’eau.
La chanson Bye-Bye fait référence à Québec avec « Bye-Bye Québec City ». Mélyssa nous dit « D’habitude je demande au public s’ils viennent de Québec, car c’est notre chanson! » Évidemment, elle ne pouvait pas le demander, puisque tout le monde aurait répondu « oui ». « On va dire que c’est pour vous dire bye d’avance » continue-t-elle. « Ce n’est pas ça qu’on dit à Montréal! », lance Jérémy en riant. Trêve de plaisanterie, le groupe a quand même fait plusieurs apparitions à Québec cette année, ils commencent à prendre goût à la Vieille Capitale.
Jérémy vient même prendre un bain de foule et nous jouer quelques notes! Lui qui avait enlevé sa veste un peu plus tôt, il s’en fait donner une nouvelle par un spectateur. On a fait un lancer pile ou face pour savoir quelle chanson allait être jouée au milieu du set. On avait le choix entre une chanson « pour frencher » (stp) ou une un peu plus triste (Moments). La première des deux nommée « Stp » l’a emporté et des gens ont vraiment pris les consignes au pied de la lettre! Le moment tendait définitivement vers la sensualité. On a quand même eu le temps d’entendre les deux chansons. Moments a été relayé pour le rappel en compagnie de Mile-End. Moments était aussi un bon slow.
Vers la fin, on a pu enfin réentendre la chanson tant entendue Danser, que je pourrais écouter en toute circonstance, autant en étant triste que joyeuse. Cette chanson m’a semblé si courte, c’est peut-être parce quand je l’écoute chez moi, je la fais jouer au moins trois fois de file! Bien sûr la foule dansait à fond sur celle-là!
On a pu entendre à peu près toutes les chansons de leur nouveau EP intitulé Les vacances d’été sorti en juin dernier. Des nouvelles chansons nous ont également été présentées, dont une qui porte temporairement le nom de Lyon comme elle a été écrite là-bas. On devrait donc avoir des nouvelles de Grand Eugène bientôt.
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