L’album
Pour son 15e album solo en carrière (déjà!!!), Dany Placard nous offre la totale. Un album très personnel, un peu sombre sur les bords, mais surtout rempli de lumière aux bons endroits. « Avoir su » est une maudite belle (et généreuse) collection de douze chansons folk-rock où les émotions sont brutes, les mélodies accrocheuses et les arrangements riches et soignés. Et comme c’est le cas avec tous les albums du Saguenéen d’origine, on embarque rapidement dans le trip de gang qui se ressent tout le long des 42 minutes que dure l’album.
Finis les trips psych-rock à la Maman et Pulperie, ici, on retourne à la base, et c’est bien ainsi. Pas qu’on n’a pas aimé les derniers albums plus rock de Placard, mais ce qu’on aime surtout, c’est chantonner avec lui pis sa gang sur des airs qui viennent nous chercher et sur des textes dans lesquels les grand.es anxieux.ses de ce monde vont immédiatement se reconnaître.
C’est sa force, à Placard. On s’ennuie avec lui, ses deuils nous font mal, pis quand y’a de l’espoir même s’il fait encore noir, on voit la lumière au bout de son tunnel.
Le dépanneur t’encore fermé, j’continue de marcher
Y fait pas chaud pis chus mal habillé, on dirait qui va neiger
J’espère chaque jour, tranquillement j’espèreJ’espère
Même quand il est ben tranquille dans sa belle Maison, on a envie de crier « Crisse chu ben » avec le bonhomme. OK, ça lui gagnera pas de Félix pour la chanson de l’année, mais si Placard réussit à nous faire sentir quelque chose avec une toune aussi dépouillée, c’est qu’il sait sur quels pitons appuyer!
Y’a Stormy, probablement une des pièces les plus déchirantes du répertoire de Placard, qui vit son deuil de sa plus fidèle amie comme un livre ouvert. Une grosse toune de gros folk-rock qui donne des frissons. D’ailleurs, Stormy est partout sur l’album, et vraiment on sent que le départ de sa chienne a fait très mal.
Y’a d’autres petits bijoux du genre. Comme la pièce-titre, d’un minimalisme désarmant, qui laisse toute la place aux mots de Placard. Ou Ton sourire, sur laquelle Dany s’ennuie en maudit de sa blonde, qu’il a hâte de retrouver.
Avec une brochette de collaborateurs et collaboratrices comme Charles Guay (qui touche à tout), Nicolas Beaudoin (qui touche à tout aussi), Marc-Olivier Tremblay-Drapeau (basse), Léandre Bourgeois (claviers), Sébastien Savard (violons), Philippe Brochu (saxophone), Antoine Tardif (trompette), Julie Doiron et Vivianne Roy (choeurs), avec une instrumentation d’une richesse difficile à égaler (en plus de la traditionnelle guitare-basse-batterie et des instruments susmentionnés, on peut aussi entendre de l’accordéon et de la mandoline), Placard nous a offert un maudit beau cadeau. Je sais pas si c’est la sagesse qui commence à entrer, mais « Avoir su » est un bel amalgame de toutes les forces de l’auteur-compositeur-interprète. Ben groundé, efficace pas possible, toujours le mot juste (avec l’accent d’outre-Parc en prime), et un folk-rock qui rassemble parce qu’on s’y retrouve toustes un peu.
Et quand on écoute Pas de permis à la toute fin de l’album, c’est avec bonheur qu’on chante « Ooooh oooh oooh » ben fort avec lui.
Le show
Faque ouais, la veille de la sortie de l’album, on a eu la chance d’avoir le premier show de lancement de Placard. Ça allait être un gros party, comme vous pourrez aisément le constater!
Erika Hagen
Ça commence tout doucement avec Erika Hagen, qu’on a pu voir à quelques reprises cet été (avec son band, qui ne pouvait pas être là ce soir-là parce que y’avait juste pas de place sur scène). Celle qui nous offrira bientôt son premier album, réalisé par un certain Dany Placard, nous a présenté ses pièces seule à la guitare.
Notre acrobate ne manque pas de mordant. Tout sourire, elle balance ses morceaux un après l’autre, presque sans temps mort. Même en mode guitare-voix, ça rocke pas mal, et on y trouve une grande aisance avec les mots et les mélodies.
Et cet indie-rock teinté de folk lui va comme un gant. On a bien hâte de la revoir full band pour lancer son album!
Dany Placard
À notre arrivée à L’Anti Bar & Spectacles, la première chose qu’on remarque, c’est la quantité incroyable de matériel sur scène. Une collection incroyable de guitares, un banjo, une mandoline, un accordéon, une lap steel, un violon, une batterie, une basse, des micros partout. Voyez-vous, Placard n’allait pas lancer son album tout seul, il est venu avec six musicien.nes pour nous présenter ses nouvelles tounes et nous en jouer quelques vieilles.
On a compté plus de 20 tounes sur le programme de la soirée, et y’en avait quelques longues dans le tas. Ça a commencé comme l’album, avec Promener le chien et J’ai le coeur chaud. Les deux tounes que tout le monde connaissait déjà. Mais ouais, on est vite retourné faire un tour dans le vieux stock. Hot Dog Michigan, ça fait des années que je l’ai pas entendue, pis elle est toujours aussi le fun. On a aussi eu droit à quelques pièces des deux albums précédents (« J’connais rien à l’astronomie » et « Full Face »), et si « Avoir su » se distingue par son retour aux sources folk-rock, les vieilles pièces choisies s’intégraient parfaitement aux nouvelles.
Faut dire qu’à la gang, ça sonnait encore plus riche que sur l’album. Nicolas Beaudoin a pu se lâcher lousse aux guitares (damn, le solo sur Maman valait le prix du billet à lui seul), Julie Doiron était à la fois une bombe d’énergie et une présence rassurante quand Placard oubliait ses mots (c’est arrivé juste une fois de façon apparente, pas pire pour un premier show de lancement). Et le reste de la bande a grandement bonifié le party. C’est comme si Placard, qui a beaucoup tourné avec Sara Dufour cet été, avait décidé que ses shows, qui étaient déjà un événement, allaient se transformer en party.
Plus d’une heure et demie d’émotions fortes et de pur plaisir, ça vous rentabilise un billet de spectacle, ça!
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