« La peur est une fleur », de Loïc Lafrance : succomber à la panique

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On tue la une, Loïc Lafrance vient de bombarder le Québec. Du vrai carpet-bombing d’anxiété, mais aussi d’amour. Le p’tit crisse d’album complètement fou que t’écoutes sur repeat pendant des heures et des heures en criant, qui mérite qu’on lui donne notre première critique de l’automne.

« La peur est une fleur », ça va être pour les jeunes l’électrochoc qu’illes attendaient de la part de Loïc, qui se bâtit déjà une pas pire crowd. Pour les plus vieux comme moi, c’est un retour à une époque où on pouvait rocker nos émotions avec un brin de désinvolture et de crunchy. Pour tout le monde, c’est une immense dose d’énergie, une dynamo qui risque de chauffer le Québec cet automne!

Ça fait un bout que je suis Loïc. Je me souviens de l’avoir vu au Cabaret Festif il y a quelques années. J’avais adoré sa présence scénique, sa désinvolture, mais surtout son grand talent pour les mots, les mélodies et le rythme. Tout ce dont il avait besoin pour son deuxième premier album, c’était un réalisateur qui pouvait le garder sur la track, quelqu’un qui allait l’aider à sortir tout le fou, mais en évitant de trop s’éparpiller. Arrive Julien Mineau (Malajube), qui a l’air d’avoir trippé sa vie à collaborer avec Loïc, tellement qu’en écoutant l’album, on se demande parfois si le jeune artiste a redonné le goût au vétéran de se repitcher à l’avant-scène).

Le résultat en ce vendredi 13? Cet album qu’on écoute sans se tanner. Cette énergie incroyable, qui se transmet sur chacune des chansons. Ce sens mélodique qui surprend, mais qui s’apprécie aussi vite. Ces textes qui expriment une grande urgence. Tout ça en nous donnant le goût de sautiller partout.

C’est rien de compliqué. On explore en douze chansons les peurs et les angoisses de Loïc. Parfois universelles, souvent très personnelles. On relate, comme on dit en bon anglais, parce qu’on se reconnaît à plusieurs endroits. L’important, c’est comment la peur nous fait réagir, et ici, Loïc a décidé de les nommer tout en faisant de petits bijoux musicaux.

Y’a pas de fuckin’ point faible. Toujours quelque chose qui te donne envie de tendre l’oreille. Oui, c’est un peu criard, mais justement, c’est ce qui rend le tout le fun. J’écris ces lignes en écoutant Coup de dés sur repeat, pis j’vous jure que ça rocke en sale. Genre j’ai envie de sacrer mon clavier là pis partir un moshpit avec les deux chats.

J’te mets ça vraiment dans le désordre, mais attends d’entendre St-Sauveur douleur. C’est dark, quand tu y penses, c’est une toune qui fait mal, ça a beau être personnel, on s’y reconnaît toustes. Mais y’a une comme libération d’énergie au milieu de la toune, quand le refrain embarque. C’est mauditement grunge.

En plus de Mineau, qui joue quelques instruments en plus de s’amuser derrière la console, Loïc a fait appel à une belle brochette d’artistes, notamment Mélanie Venditti (qui sort le violon et le thérémine), Sarah Dion (qui drumme avec l’énergie du désespoir), Meilo S. Lalande (et sa voix de p’tit ange pas mal bum) et plusieurs autres. Toute cette belle gang vient appuyer Loïc de belle manière, ça donne des moments fous comme 2024 (le soleil tombe sur toi), ou des moments beaucoup trop groovy comme sur la pièce titre.

Réussir à prendre tout ce méchant pour en faire quelque chose d’aussi beau et lumineux, ça prend du talent. Et on va être honnêtes, ce talent, Loïc l’a, et là, iel vient juste de se rendre compte que rien ne peut l’arrêter, tant que le coeur y est.

J’aurais pu te parler d’étiquettes, mettre Loïc dans une petite boîte grunge, rock, indie, whatever, mais ça ne marche pas ici, parce que Loïc est tout simplement Loïc, et Loïc n’a rien a cirer des codes. Et c’est comme ça qu’on l’aime.

« La peur est une fleur », c’est pas une collection de douze chansons. C’est un voyage en plusieurs étapes dans l’univers de l’artiste, où chaque escale s’appuie sur les autres pour en faire un tout complet. Faut avoir écouté tout l’album pour bien saisir SPVQ (délectable, avec Dogo Suicide), la finale

Ne reste plus qu’à voir comment l’album va être défendu sur scène. Ça va se passer au Grizzly Fuzz le 11 octobre, et on va bien sûr être là pour documenter le tout!

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