La 7ème édition du Festival la Noce (La Noce de Chypre), qui s’est tenuedu 4 au 6 juillet, restera mémorable tant pour les artistes, l’organisation, les bénévoles et les festivaliers·ères. Sur trois jours, le site de la Pulperie de Chicoutimi est mis en valeur avec une scénographie à thématique de Chypre réalisée par des artistes locaux. En continue se déroule des bénédictions nuptiales sous la bienveillance musicale de Gab Paquet, maître de cérémonie du Festival. La programmation, tellement solide, est digne de donner envie de se marier et de convaincre les plus incertains·es. Sur trois scènes, dont une nouvelle (scène Télé-Québec) qui prend place au centre des ruines du bâtiment 102. Plusieurs festivaliers et festivalières s’émerveillent juste à l’entrée sur le site, la lumière est tellement belle. La tour d’eau de Chicoutimi surplombe le site, il y a de l’énergie dans l’air, je me laisse affluer.
Se déroulant de jeudi soir à samedi tard, je vous parle de vendredi et samedi. La programmation de jeudi ne passe pas inaperçue avec Philippe B., Laurence-Anne, Rau_Ze, Malaimé Soleil, Vice E Roi, Thierry Larose et Karkwa. Puis des afters à ne pas savoir où aller avec DVTR et PYPY d’un bord, Angine de Poitrine et Mon Doux Saigneur de l’autre et Hawa B et Loud Lary Ajust.
Vendredi : du soleil, du vent et de la danse
La programmation est variée et pour tous les genres de mélomanes ou pas. Tant les artistes que le public se croit un samedi, on vivra alors deux samedis à La Noce de Chypre. La journée est bien animée avec Dumas, Baie, Magi Merlin, Yellow Days, Le Couleur, Lysandre, Population II, Grim Skunk, The Blaze Velluto Collection, Son Rompe Pera et Elisapie. Ressentez le choix difficile de l’after entre Annie-Claude Deschênes (mon cœur fait boum) et Totalement Sublime au CEM (Centre d’expérimentation musicale), Élégie avec Les Lunatiques à La Nuit des temps ou encore Mike Shabb avec Joe Rocca ou de se laisser aller avec Moonshines. On est dans un buffet de quantité et de qualité.
Dumas le célébrant
C’est en maître de cérémonie que Dumas ouvre la journée de vendredi en force avec maracas et percussions. Le public est au rendez-vous et le soleil apparaît dès la première chanson. C’est à la deuxième chanson que Dumas fait chanter le public avec J’erre. C’est une prestation unique de Dumas qui a choisi La Noce de Chypre pour célébrer la fin de semaine de ses 45 ans. Il crinque la foule, le public lui chante bonne fête en chœur. Magie! En nous entraînant sur un rythme plus disco, ça danse quand même tôt à La Noce, le monde lévite avec une slush de gin de Km 12. C’est à l’unisson que résonne « C’est pas vrai, c’est pas vrai que les filles sont tous pareilles »(Miss Ecstasy). L’interaction avec le public est fameuse. En hommage à Karl Tremblay des Cowboys Fringants, il chante avec son public Le Bonheur (rien ne nous arrêtera), puis il transitionne avec des claviers accrocheurs en sautant sur scène. Artiste accompli, il fait de l’endroit une chorale extérieure dansante.
Baie : Heureux mariage de «franglais»
Habillé·es de franges blanches et de notes visuelles acadiennes, les musicien·nes prennent place et débutent en force avec Grand Bleu. Je n’avais jamais vu Baie en spectacle, et j’entends mon cœur qui fait boum. Le groupe est composé de Chloé Breault (basse, voix), Matt Boudreau (claviers, guitare, voix), Marc-André Boudreau (guitare électrique, voix), Maxence Cormier (batterie) et pour l’occasion c’est la québécoise Laurie-Ann Vallières qui les accompagne à la voix et la guitare.
Baie nous fait naviguer dans des effluves de disco, de rock et de ballade avec une touche d’opéra. Une proposition musicale unique et sirupeuse. La basse est entraînante et on a affaire à des talents de voix qui à certains moments rappellent des chants de sirènes. Les compositions sont une jonglerie de mots à la fois littéraires et auditives, ils s’amusent avec le français et l’anglais dont les mots sont bien choisis pour puncher le rythme ou les idées. Les refrains s’apprivoisent rapidement et les ponts musicaux des couplets aux refrains s’harmonisent de crescendos et descrendos. Les choeurs de voix féminines et masculines sur la guitare rythmée sont trop bons, on danse.
À la fin de leur prestation, les artistes se laissent emporter avec leur public avec Fruitopia. La tâche leur paraît difficile de se concentrer sur leurs instruments tout en dansant avec le public. Il y a décidemment des étincelles entre le Québec et les musiciens·nes acadiens·nes, on s’attache rapidement à Baie. Termine en ovation, on aime et on veut les revoir.
Le Couleur et ses effluves de plage
Pour débuter la soirée, on se transporte dans l’univers électro-pop de Le Couleur, ça s’annonce chaud et essoufflant. Dès les premiers morceaux, on aurait dit que le groupe avait pour mandat de nous brûler tôt. Le noyau du groupe est formée de Laurence Giroux-Do (voix), Patrick Gosselin (basse, guitare et claviers) et Steeven Chouinard (batterie). Sous la mélodieuse Désert, des ballons de plage se promènent et sous leur énergie déchaînée, une discothèque prend forme sous les stroboscopes. Yé!
La prestation se termine avec l’entraînante Voyage amoureux qui semble en version accélérée, tout est indiqué pour danser encore plus fort et encore plus haut! La finale se déploie avec un roulement de batterie, une guitare puissante et des touches bien mesurées au clavier. Ovation. Boule d’énergie, Le Couleur maîtrise l’art de lever le party.
Son Rompe Pera : La cumbia endiablée
Ce groupe d’une banlieue de Mexico nous entraîne dans le folklore musical du marimba mexicain. Danser la cumbia à La Noce, c’est de circonstance avec Son Rompe Pera. Les cinq musiciens du groupe entrent en scène : Allan « Mongo » Gama (marimba, voix, guitare électrique), Jesús « Kacho » Gama (marimba et voix), Raúl Albarrán (basse et chœur), José Ángel « Kilos » Gama (percussions et choeur) et Ricardo « Ritchie » López (batterie).
Mongo et Kacho s’installent derrière le marimba et le jouent à quatre mains et six bâtons. Accompagnés de la batterie et des lignes de basse accrocheuses, les voix et les chœurs sont vraiment entraînants. À certains moments, la guitare, la basse et le marimba se déchaînent sur une ligne de punk rock bien punk tout en gardant comme trame de fonds la cumbia. Animateurs de foule, ils encouragent le public à taper des mains, chanter, danser et sauter. Le courant festif est bien établi, ça se déhanche et ça body surf. Vers la fin, l’ambiance est survoltée avec des segments musicaux complètement garage. Sous des applaudissements sans fin, les salutations de départ du groupe prennent forme lorsque Mongo élève sa guitare, alors que Kacho prend le marimba haut dans les airs et sort de scène. Belle finale, c’est malade, c’est magique, c’est unique!
À la tablée d’Annie-Claude Deschênes
À l’after, on se dirige au CEM pour voir Annie-Claude Deschênes. Deux panneaux doubles de projection sont de chaque côté de la scène, le fond est noir, des fouets de cuisine y figurent. Une fois le public bien entassé, la claviériste et chanteuse Annie-Claude Deschênes (PYPY et Duchess Says) et son acolyte Anthony Piazza (claviers) apparaissent. Avec les modulaires. elle nous envoie de lourds jets de new wave et d’industriel avec des élans de clavier et de beat box tout droit sorti de l’électro des années 1980. Son spectacle est évolutif et est en bonne partie avec la foule. Les projections vidéo s’apparentent à de l’expérimental et du glitch au rythme de la musique, à d’autres moments, les vidéos sont en direct de ce qui se passe dans le public.
À la fin, elle divise littéralement la foule dansante en deux rives puis elle s’accroupit au centre. La foule s’accroupit aussi. On se regarde incertain·es de ce qu’on est en train de faire et riant de l’absurdité du moment. La musique électronique nous ramène à danser comme s’il n’y avait pas de lendemain. Une prestation déjantée et théâtralement bien sentie. Créer le doute est un art chez elle. À voir! Son album « Les manières de table » est paru le 5 avril 2024.
On vous présente la suite de ce compte-rendu de La Noce de Chypre dès demain. En attendant, voici quelques photos de plusieurs prestations des deux premières journées :
Galerie photos