Tous les billets pour le lancement surprise du nouvel album homonyme de P’tit Belliveau ont été vendus en seulement quelques minutes, annoncé juste cinq jours à l’avance. Bien sûr, nous étions au District Saint-Joseph le 30 avril dernier pour assister à ce show qui s’annonçait déjà très mémorable.
Sorti le 26 avril, l’album « P’tit Belliveau » va vraiment dans tous les sens, mais on reconnait très bien le chanteur acadien avec ses paroles et tournures de phrases uniques. On passe de l’hyperpop à la 100 Gecs sur Ring Ring au hip-hop avec Comfy en collaboration avec Fouki, au nu-métal (Gros Truck), au country (P’t’être qu’il a du tequila dans la brain) et pratiquement tous les genres musicaux qui se trouvent entre tout ça. On a même du grindcore avec The Frog War qui conclut une trilogie de pièces à thématique amphibienne. Mais tout ça fonctionne à merveille et démontre les multiples influences du Néo-Écossais, après quelques écoutes j’avais définitivement hâte de voir ça en live.
« Comment ça va la belle ville de Québec? », lance immédiatement P’tit Belliveau, arborant maintenant un pad qui peut compétitionner celui de Gab Paquet. Jonah Richard Guimond de son vrai nom est accompagné par Guyaume Boulianne à la mandoline, Adam Coulstring à la basse et, quel plaisir de retrouver deux musiciens de Peanut Butter Sunday, Normand Pothier à la batterie ainsi que Jacques Blinn aux claviers et à la guitare. On commence le show avec trois pièces du nouvel opus avant de multiplier les anciens succès, dont Mon drapeau Acadjonne viens d’Taiwan. Avant de se lancer dans ce gros morceau du spectacle, il ordonne au public de chanter le refrain avec lui sinon il s’en va immédiatement, « Evil P’ti Belliveau » lance même un « fuck all y’all » bien senti! Il n’en fallait vraiment pas autant pour que la foule scande les paroles, ça a tout de même donné un splendide moment de communion entre les musiciens et la foule du District. Parlant de communion, le chanteur s’est chargé de démarrer lui-même le moshpit en sautant dans l’audience où il en a même perdu un de ses Crocs.
Si les chansons de « P’tit Bell » sont indéniablement accrocheuses en enregistrement, il se passe vraiment quelque chose en spectacle. Ses prestations sont automatiquement des gros party partout où il passe, mais dans une petite salle sold-out le party est multiplié par dix. Si par le passé on était habitué d’entendre une reprise de Last Resort de Papa Roach, cette fois-ci on a plutôt droit à How You Remind Me de Nickelback. On a beau dire ce qu’on veut sur le groupe albertain, mais cette pièce est tout un ver d’oreille qui est chanté à tue-tête par littéralement tout le monde. Un gros plus du spectacle est sans contredit la présence de Jacques Blinn, le multi-instrumentiste épate avec des solos de guitare de fou mais il laisse également bouche-bée en sortant un violon pour un jam incroyable. Les hits se succèdent les uns après les autres avec le public qui chante, danse, saute ou se pousse davantage à chaque pièce, cependant le quintet quitte la scène avant LA toune, ça ne prenait pas un grand sens de déduction pour savoir qu’il y aurait un rappel.
Par contre je n’étais pas prêt pour ce rappel-là, le chanteur apparaît torse nu en s’installant derrière la batterie. C’est Guyaume, le mandoliniste, qui s’empare du micro pour lancer une interprétation complètement mémorable de L’arbre est dans ses feuilles alors que Normand empoigne de son côté une guitare. Combien de fois dans votre vie vous avez vu un moshpit sur du Zachary Richard? C’est chose faite pour les près de 200 personnes présentes au District en tout cas! Comment enchaîner après ce moment? En y allant pour la pièce nu-métal Gros Truck, ce n’est certainement pas cette chanson qui calme le moshpit. Jonah a clairement de la suite dans les idées en restant dans le nu-métal en interprétant un classique du genre, Chop Suey! de System Of A Down. Jamais je n’aurais pensé que d’entendre Chop Suey! avec de la mandoline était quelque chose qui manquait à ma vie, mais c’est clairement un des meilleurs covers que je n’ai jamais vu! Après avoir passé par toutes ces émotions, on se calme un peu avec J’aimerais d’avoir un John Deere qui est visiblement très apprécié à ce moment-ci du spectacle. C’est sans surprise que la fameuse Income Tax clôt pour de bon le concert d’une énorme façon, ou était-ce vraiment le cas? Les musiciens quittent la scène mais le chanteur y reste. Il nous offre comme dernier cadeau une pièce inédite pré-enregistrée avec nul autre qu’Hubert Lenoir qui apparaît de nul part parmi la foule.
Les absent.es vont s’en mordre les doigts pendant longtemps d’avoir manqué un si gros spectacle. Un party du début à la fin, autant sur la scène que dans le public, afin de célébrer la toute nouvelle offrande de P’tit Belliveau. Ce dernier était dans une forme spectaculaire, accompagné de musiciens hors pair, qui démontrent bien pourquoi les billets se sont vendus aussi rapidement. On ne peut qu’avoir déjà extrêmement hâte au retour du chanteur dans la Vieille-Capitale, soit le 5 juillet sur la scène SiriusXM du Parc de la Francophonie au Festival d’été de Québec.
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