Palissade et La sécurité au Pantoum : ça commence bien en maudit un congé Pascal.

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En collaboration avec Stéfanie Cantin

Ce 28 mars dernier au Pantoum, le public présent avait un côté dark side qui rappelle pour certain.es la belle époque de l’Arlequin sur la rue St-Jean dans les années 2000. Jeans noirs, mascara, t-shirt, style punk ou emo se combinaient dans la foule. Si on se fie au line-up légendaire qui s’était dessiné au Pantoum pour accéder au bar, il est possible que plusieurs étaient des acolytes de l’Arlequin. La foule était fébrile, elle s’entassait devant la scène sous une musique plus forte qu’à l’habitude. Famille, amis et adeptes de musique punk étaient présents. C’était complet pour les groupes Palissade de Québec et La Sécurité de Montréal. À voir la buée déjà bien présente dans les fenêtres, on savait que la soirée allait être bien chaude et mouvementée. 

Palissade et son mur de son

Devant nos yeux, Palissade était formé de Thomas Denux-Parent (textes, voix, guitare), Catherine Roussel (synthétiseur) et de Martin Labbé (basse). Composition minimaliste et très efficace pour emplir l’ambiance de la salle avec leur mur de son, Palissade porte bien son nom. Un peu dans l’ombre et sans présentation, les musicien.nes ont commencé avec une nouvelle chanson nommée Vertige, un début aux airs planants, mais à la fois rythmés grâce au jeu de clavier de Catherine. Le groupe a poursuivi avec L’hiver, titre de leur dernier album « Palissade ». Commençant avec un long moment musical sans paroles, cette chanson a fait ressortir les sonorités vaporeuses, post-punk new wave du groupe. Au fil des chansons, une belle communion s’est mise en place sur la scène et l’assistance semblait se laisser porter par la voix mélancolique et ténébreuse du chanteur. D’ailleurs, impossible de ne pas manquer le petit enfant tellement mignon qui dansait sur le coin de la scène, nous indiquant que cette musique peut clairement plaire à tout type de public.  Bien que les titres des chansons comme M’éloigner ou Jusqu’à la mort peuvent donner l’impression qu’elles seront tristes, nous sommes plutôt portés à danser comme le faisait aisément Catherine derrière son instrument dûment maitrisé. Leur musique sonne tellement bien à l’oreille que ça semble si facile à jouer pour ces musiciens d’expérience. On est facilement hypnotisé par la virtuosité de ceux-ci. En plus de Vertige, le trio de Québec nous a offert trois autres nouvelles chansons dont : Premier jourJour étranger et Ancrage dans lesquelles on peut dénoter de nouvelles explorations sonores. Ces chansons paraîtront dans un EP prévu à l’automne 2024. Quel bonheur de les avoir revus après plus de deux ans sans avoir foulé les planches du Pantoum. Nous avons bien hâte de les revoir en spectacle et d’espérer assister à leur lancement d’EP.

La Sécurité en ligne de front

Voyant le public se rapprocher de la scène en arborant un sourire, La Sécurité semblait tant attendue. Alors que Palissade était plus effacé à l’égard de l’auditoire, La Sécurité était un peu plus invasive, chaque membre portait sa voix à la lancée. On retrouve Éliane Viens-Synnot (voix principale, clavier, et parfois batterie), Melissa Di Menna (guitare et voix), Laurence Anne Charest-Gagné (guitare, clavier), Félix Bélisle (basse) et Kenny Smith (batterie et parfois clavier). Musiciens expérimentés et compositeurs-interprètes de différentes entités musicales de la scène québécoise, quel bonheur de les recevoir au Pantoum et surtout quel plaisir de constater que la gent féminine était bien mise en évidence sur le devant de la scène. Le groupe a commencé en force en nous surprenant avec une toute nouvelle chanson nommée Détour. Il ne faut pas trop se fier au titre, aucun détour n’a été fait, car ça entre au poste. Le public était déjà bien réchauffé et les têtes se faisaient aller avec vivacité. Poursuivant avec Le Kick, la puissance de la féminité transcende la place lorsqu’Éliane se met à danser les bras dans les airs devant son microphone. Bien assumée, elle est belle à voir. J’ai d’ailleurs eu la chance de la voir de très près lorsqu’elle est venue, sur les airs d’Anyway, chanter et se déhancher, bien éclairée par la boule disco, au centre de la salle. Après ce moment de proximité, le quintet nous présentait une de leurs chansons en français, soit Serpent. Lignes de basse accrocheuses, rythmes de batterie complexes et bien maitrisés, les riffs de guitare déjantés et harmonies simples, mais efficaces, pas de doute qu’on avait devant nous des virtuoses de l’art-punk. Pour la prochaine chanson, portant le même nom que le batteur, on a eu droit à un changement de chaise, alors que Kenny s’est retrouvé en avant-scène, cédant sa place à Éliane à la batterie. Cette polyvalence est, selon moi, un aspect bien distinctif du groupe aux allures décontractées et frénétiques. Avec leur fougue contagieuse et les rythmes électriques, impossible de ne pas chanter à tue-tête avec les musicien.nes les paroles de la chanson Dis-moi ou bien celles Hot topic. D’ailleurs, parlant de « hot », les murs du Pantoum et nos chandails pouvaient facilement témoigner de la chaleur présente dans la salle à force de danser et sauter. Tout au long de leur prestation, La Sécurité ne nous a donné aucun répit avec le tempo rapide de leurs chansons. C’est sous les acclamations de la foule que le groupe a terminé la soirée en jouant en primeur la chanson au titre farfelu Ketchup. Un moshpit s’est rapidement formé ressemblant ainsi au moment où l’on essaie de faire sortir le peu de ketchup restant dans la bouteille presque vide. Un plein d’énergie concentrée dans un espace restreint, avec des éclaboussures de mouvements dans tous les sens.

Nous laissant comprendre qu’ils ne reviendront pas avant un petit moment sur les scènes de la Capitale Nationale, quelle chance nous avons eue de pouvoir voir ce collectif hétéroclite jouer pour nous  avec autant d’enthousiasme et de sincérité. Un vrai party musical qui commençait très bien les festivités de Pâques.

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