Un Brach d’enfer dans un gant de Velours (Velours)

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Le 1er décembre dernier, je suis allé me balader dans les rues du Petit Champlain, non pas pour flâner ou, comme humorise Brach, pour acheter un chandail « Je suis orignal », mais bien pour les spectacles de Velours Velours et Philippe Brach au Théâtre Petit-Champlain. Une soirée introduite en douceur se terminant dans une ambiance électrique

Velours Velours

Le groupe paritaire montréalais est composé d’Érika Fogagnolo à la basse, Florence Labelle au violon, Davy Duquenoy à la batterie et Raphaël Pépin-Tanguay en tant que leader, chanteur et guitariste. Pour l’anecdote, leur dernier EP a été coréalisé par nul autre que Philippe Brach : aucune surprise de les voir se partager la scène ce soir. On ressent d’ailleurs dans les mélodies du groupe l’influence de Brach.

Le spectacle commence donc dans une ambiance tamisée sur fond noir feutré typique du Petit-Champlain avec des morceaux très pop-chill et nous transporte dans un voyage tout en douceur teinté d’une grande vulnérabilité.

À noter que la salle est comble ce soir, je dois me contenter d’assister sous les balcons à la représentation. J’ai tout de même une belle vision du spectacle, mais ce n’est pas tout le monde qui a la chance de mesurer plus de six pieds. On apprécie toutefois la qualité de l’acoustique et l’ambiance théâtrale qui y demeurent.

Durant la douce chanson Les fauves, tout en simplicité musicale, portée par la voix suave de Raphaël récitant que le pire des calvaires c’est l’hiver. Les pinceaux jazzy de la batterie collent parfaitement à cette très planante tendresse et tristesse. Le monde au parterre est silencieux et respectueux et je dois dire que ça me fait le plus grand des biens. Je commençais à perdre foi dans les publics de spectacle.

On pourrait résumer la performance avec les adjectifs jazzy et intimiste, une belle découverte de mon bord, je vais sûrement réécouter leur microalbum « Fauve ».

Philippe Brach

C’est la première fois que Philippe Brach joue à Québec depuis la sortie de l’album « Les gens qu’on aime » en mars dernier. Comme à son habitude, l’homme champignon se fait donc désirer, mais cela en a grandement valu la peine. Mettant l’accent sur la musique plutôt que son inconditionnel jeu de scène, il nous présente une toute nouvelle formule de spectacle axée sur le côté instrumental avec moins d’extravagance qu’à son habitude.

La représentation commence, comme l’album, sur cette phrase d’un profond cynisme : « Hey les gens qu’on aime vont tous mourir » sur fond instrumental très slow-tempo puis on remonte la pente avec la ballade plus enjouée Last Call. Le temps de remplacer l’amplificateur de guitare sauté et de combler habilement ce contretemps, Philippe embraye avec l’excellent titre Crystel : la salle est maintenant bien réchauffée et prête à recevoir des morceaux très accrocheurs et chantants tels que Né pour être sauvage ou encore Alice. On sent que le public n’en est pas à sa première écoute, les gens chantent, dansent et font même des appels très nichés à Philippe (Mention spéciale à la brigade des cervidés).

La présence imposante de ces musiciens crée une atmosphère imposante sur scène, renforcée par les arrangements de l’ami d’enfance de Philippe, Gabriel Desjardins (Félix de l’arrangeur de l’année).

Dans Tic Tac (J’aime les gens pas longtemps), on revêt de nouveau l’imperméable, cette chanson très musicale et truffée de références aux sens lourds me déstabilise. Ce n’est pas le morceau qui m’avait le plus marqué de l’album, mais ce soir il se démarque à mon cœur et mes oreilles.

Le visuel très orchestré vaut aussi la peine d’être souligné et le tout finit sur fond de pluie et d’éclairs.

En parlant de pluie et d’éclairs, au cours de Mes mains blanches on a droit à un méchant jam des Doors à la « Riders On The Storm ». Les arrangements très nichés au Moog et à la guitare font ressortir ce côté expérimental que je n’attendais pas sur ce morceau plutôt blues.

Le spectacle se clôt sur la cinglante chanson a capella Bonne journée. Du cynisme à l’état pur que j’assimile à un exutoire; vaut mieux l’extérioriser en chantant que de garder ça en dedans!

Brach reste un chanteur et compositeur à textes engagés bourré de talent, si vous n’avez pas encore écouté l’album, faites-le, si vous ne l’avez pas encore vu, foncez!

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