Quand on a entendu parler du quatrième album de Le Couleur, on a eu un peu peur. On a entendu des mots comme « changement », « cassure », et on se demandait qu’est-ce qui allait se passer avec le prolifique trio qui nous fait danser avec classe depuis plus d’une décennie.
N’ayez crainte, Laurence Giroux-Do, Steeven Chouinard et Patrick Gosselin ne se sont pas transformés en groupe post-punk, nos amis ont juste envie de promener leur mystérieuse Barbara (la Carmen Sandiego des dancefloors) dans de nouvelles contrées. Fini les tropiques, on se paie un roadtrip sur l’Autobahn jusqu’en Antarctique (mettons qu’une autoroute s’y rend, OK?). Out la Côte d’Azur, la filature se passe à des endroits pas mal moins glamour.
Les albums complets de Le Couleur sont souvent construits comme des trames sonores de films (en fait, on pourrait dire qu’ils sont le film au complet tant les images sont fortes). Par le passé, on a eu droit à beaucoup de lumière et de saturation, mais sur « Comme dans un penthouse », on se plonge dans un film noir, où les tons très froids et foncés sont omniprésents.
Ça surprend quand on sait que Le Couleur est le groupe de party chic ultime, mais au fond, c’est exactement ce qu’on attend du trio : nous faire voyager en dansant dans des univers peints avec un souci du détail, des univers imaginaires plus vrais que vrais, dans lesquels on peut s’évader et oublier le monde un peu glauque dans lequel on vit.
Sur ce plan, y’a absolument rien à redire : Le Couleur sait nous faire voyager avec ses membres, observer avec eux toutes les fuites en avant de Barbara, faire des tours de ruelles sombres avec Standard Emmanuel (le chanteur de Choses Sauvages), tout ça pour s’éclater dans une finale rose bonbon, où Laurence nous demande si cette aventure nous a plu.
« Comme dans un penthouse » nous montre que Le Couleur (et ses nombreux.ses collaborateur.rices comme Standard Emmanuel, Félix Paul [Rau Ze], Shaun Pouliot [Super Plage], Louis-Joseph Cliche [Beat Market], Virginie B et Félix Dyotte) sait se renouveler sans renier son identité. Même en terra incognita, le trio reste fidèle à son identité, à son univers cinématographique, à ses personnages chouchous, qu’ils nous emmène dans un film de James Bond ou, comme c’est le cas ici, dans « Crash » de David Cronenberg.
Exactement le genre d’album que t’écoutes bien assis dans ton fauteuil-coquille d’oeuf, le casque d’écoute bien vissé sur les oreilles, un scotch à la main. En fermant les yeux, tu vois le film se dérouler devant toi en trop haute définition pour la meilleure des télés. Y’a de l’action, de l’amour, des questionnements, des moments très sexy, d’autres pas mal moins, et ça serait très probablement coté 16+ par la Régie du cinéma.
Demandez-vous pas pourquoi je ne vous parle pas des pièces elles-mêmes, ça serait comme vous divulgâcher les meilleurs punchs du film.
Un film qu’on pourra entendre live le 20 octobre prochain au Pantoum.