Thierry Larose – « Sprint! »

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Après s’être fait remarquer avec « CANTALOU », un premier album prometteur qui lui a permis de montrer ses talents d’auteur-compositeur, Thierry Larose est de retour avec « Sprint! », qui sort aujourd’hui chez Bravo Musique. Coréalisé avec Alexandre Martel (Anatole, c’est lui), ce deuxième effort tout en nuances nous montre de multiples facettes de cet artiste aux influences nombreuses et éclatées.

Avec « Sprint! », Larose nous fait voyager dans un univers multicolore, où les textures sonores changent joyeusement au gré des pièces. Il y a un peu de tout pour tout le monde, chacun trouvera une chanson à aimer sur cet album, mais les amateurs d’oeuvres complètes comme votre pas très humble serviteur y trouveront leur compte : onze petites perles (mais dix chansons différentes), quarante minutes bien tassées.

Ça commence fort avec Portrait d’une Marianne, une ballade (dans le sens littéraire du terme) de six minutes que Bon Dylan n’aurait pas reniée. Tout y est : la longue histoire, la succession de couplets, les refrains colorés, le piano et l’orgue qui se mélangent à la guitare acoustique, les choeurs mielleux et la voix de Larose, volontairement plus nonchalante que d’habitude. Une chanson qui prend le temps de s’installer avant de nous faire vivre une tonne d’émotions avec son refrain fédérateur qui s’incruste dans nos têtes.

Tu peux faire tout ce que tu veux
Et moi, je ferai ce que je sais faire de mieux

Ça commence fort, qu’on disait donc. Et là, on se dit qu’on devrait s’installer confortablement, qu’on va remonter aux meilleures années de Dylan. Restez debout, coussinez vos murs, allez courir, parce que la suivante, Coeur de lion, va dans une direction complètement différente. Moins de deux minutes, rythme rapide, sonorités un brin garage, on retrouve les mélodies uniques qui nous avaient fait tant aimer « CANTALOU » dans cette pièce à l’énergie brute qui ne gaspille aucune cartouche.

Après une autre pièce pleine d’énergie (Si tu comprends pas maintenant [tu comprendras peut-être jamais]), on a droit à quelques moments d’introspection, notamment avec la belle Baleine et moi, une belle ballade (dans le sens moderne du terme) toute en douceur avec ses subtils accents country, qui est suivie de la chaude Frisbee & marmelade avec ses airs latins.

Sur Plein prix, c’est la pop franco de la fin des années 1980 qui est à l’honneur. On dirait même qu’il y a un peu de reverb dans la batterie! Ensuite, Des noeuds dans les doigts est un genre d’hybride entre les couplets chilleur de Mac DeMarco et les refrains explosifs dont seul Larose a le secret. Sur scène, cette pièce va être un moment très fort parce qu’il y a ici beaucoup de place pour la participation du public. Ça va taper des mains, ca va faire des « do do do » joyeusement, ça va crier, s’exclamer, sautiller, tripper. C’est festif à souhait!

Y’a un peu de Beau Dommage version « Passagers » dans la jazzée Comme dans mes souvenirs. Comme y’a du McCartney époque Wings sur Parfaitement intacte et Demain, demain. Je me rends compte en écrivant ce texte qu’il y a énormément d’influences seventies sur « Sprint! ».

Pour terminer, on revient avec une autre prise de Baleine et moi. Une version toute nue qui nous permet de nous concentrer sur le texte. Une écriture aussi colorée que personnelle qui rappelle que même si Larose est un excellent mélodiste capable d’écrire des refrains qui s’incrustent dans nos têtes, il a aussi la plume bien aiguisée. Non, c’est pas (encore) un Bélanger (qui avait dix ans de plus quand il a sorti son deuxième album – ça doit être mentionné), mais Thierry écrit fort bien dans une langue imagée bien de son temps. Y’a un peu de belle naïveté dans ses chansons, on oublie la morosité du dehors, même dans les moments les plus tristes.

Ça prend du talent pour maîtriser la ballade, un style où le texte trône en roi et maître, et nous donner un six minutes qui passe presque aussi vite que le p’tit morceau de deux minutes qui suit. Ça prend du talent pour nous donner des frissons dans tes moments les plus doux. Ça en prend aussi pour écrire des refrains qui se chantent à tue-tête!

Faque c’est ça. Avec « Sprint! », Thierry Larose et ses complices (Alexandre Martel, Lou-Adrianne Cassidy, Sam Beaulé et Charles-Antoine Olivier) ont réussi à éviter la guigne du deuxième album en proposant une oeuvre complète qui se digère autant d’une traite que morceau par morceau. Un album qui s’est laissé inspirer par l’écoute de vieux classiques, mais qui est parfaitement dans l’air du temps. Une galette aux textures complexes préparée avec amour dans la cuisine plutôt qu’à l’usine.

Vous allez aimer ce que vous allez entendre.

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