Lancement DUU – Le Pantoum : «Arboretum» et autres joies du naturalisme

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C’était le grand soir pour Duu dans la salle qu’on surnomme Boulevard tendresse du Pantoum!

Après un malheureux contre-temps de maladie voldemorique, l’artiste nous dévoilait enfin en spectacle les ramifications de son œuvre « Arboretum ». Un bon mois déjà que nous étions titillé.e.s par les entrevues et les moults écoutes de l’album, nous étions toustes fin prêt.e.s à éplucher cet herbier musical teinté de poésie. C’était aussi ma première fois comme photographe c’est donc un article 100 % Momo de la Vega (enjoy!).

Tout le gratin média et artistique était présent pour le lancement et ce n’est pas très étonnant puisque Étienne Dupré participe à de nombreux projets musicaux délectables aussi bien comme musicien qu’à la réalisation d’albums. Avec son projet solo, il nous offre une entrée vertigineuse dans son univers et des univers ce soir-là, il y en avait trois, chacun accompagné de leur public distinct, fusionnant agréablement, l’instant de savourer cette soirée de trilogie et d’anthologie.

Premier univers : Eliov

Première fois au Pantoum pour le groupe Eliov et espérons que ce ne sera pas la dernière! La formation était composée de Jules Garneau-Paulin aux claviers, Léa-Pascale St-Hilaire au chant, Florence Breton au chant, Étienne Lacasse à la guitare, Thierry Du Sablon à la basse et Loïc Du Sablon (en remplacement de Charles Litalien) à la batterie.

Les plus fervents fans étaient au rendez-vous pour apprécier ce qui a été pour moi une méchante belle découverte. Des rythmes d’une belle lenteur permettaient de savourer l’éther des voix de Florence et de Léa-Pascale qui chantaient en apesanteur leurs paroles en français. La musique avec ses touches miraculeuses de jazz montait en puissance vers un rock plus soutenu. Comme une impression de balade où l’on suit paisiblement le cristallin de l’écoulement des notes, douce rivière à l’orée de la forêt qui surprend après ses coudées calmes par le tumulte de ses rapides.

Pour celles et ceux qui souhaiterait zieuter le talent d’au moins trois d’entre, eux vous pouvez aisément retrouver Jules, Thierry et Loïc dans certains houseband de lieux de qualité tel que le Fou bar, Les salons d’Edgar et bien entendu le Sainte-Angèle. En effet, ceux-ci font partie intégrante de la scène jazz locale.

Deuxième univers : Pure Carrière

Deuxième univers avec Pure Carrière et deuxième public. Celui-ci était prêt à danser après la houle doucereuse des corps.

Je peux vous dire que j’attendais les bums (Jean-Michel Letendre Veilleux au chant et à la guitare, Odile Marmet Rochefort aux poussages de notes et au bâton de pluie, Jean-Étienne Collin Marcoux à la batterie, Laurence Gauthier-Brown à la basse et à l’attitude rock, Simon Paradis-Dionne aux claviers) de pied ferme depuis décembre 2021 et que j’attends toujours leur marchandise physique avec ferveur (Ewaillez un p’tit vinyle « Eterna 83 » please).

Psychédélique, planant, rock, funk, punk et une énergie délirante, c’est la recette de Pure Carrière que je pourrais manger jusqu’à en être malade. C’est ma boîte de biscuits choco devil, tellement bon que je me gère pas. Je n’ai jamais eu autant de plaisir à prendre en photo quelqu’un que Laurence et sa basse de conquérante, une vibe de plaisir entre les musiciens était palpable. Avec son côté décalé, ses paroles loufoques et sa pulsation rock, Pure Carrière, c’est un cocktail explosif de plaisir. Il n’y a définitivement pas que le tendre chanteur ayant un petit air familier à la Frank Zappa!

Assister à une spectacle du groupe, c’est explorer un peu plus profondément la forêt, se glisser entre les arbres et se perdre un peu, le tout possiblement bin high sur le mush.

Troisième univers : Duu

Maintenant que nous nous sommes enfoncé.e.s sous la canopée, attardons nous au sol, à ce qui pousse tout seul, attardons nous à la flore discrète avec plus de discernement et avec une sacrée descente, identifions ensemble l’œuvre de Duu intitulée « Arboretum ».

Tout d’abord les spécimens

Étienne Dupré (alias Duu) au chant et guitare, Elliot Durocher Bundock à la basse et à la guitare, Alex Guimond à la voix et aux synthés, Guillaume Guilbault aux chœurs et aux synthés et Pete Pételle à la batterie. Mention toute spéciale à Flavie Lemée aux éclairages pour une ambiance tout droit sortie d’un rêve éveillé et Charles-David Dubé au son et donc à sa qualité.

Ensuite leurs propriétés

Pour le lancement, nous avons eu le droit à une progression méticuleuse, commençant en douceur, onirique, laissant traîner et grincer les notes. Au fur et à mesure, les pointes tranchantes de rock se faisaient pressantes et tout mon corps s’est mis malgré lui à brasser, les rythmes entraînant les nuques dans un mouvement de headbang de plus en plus pesants. De l’observation au microscope des spores de nos mélancolies à la dissection brutale de nos natures, tout se contient dans « Arboretum », la beauté et la laideur dans la même et unique contemplation du regard particulier de Duu.

S’entremêleront
Nos visages coulants
Sur les photos jaunies
Cachées dans nos tiroirs
On en rira un jour
S’entremêleront
Me plus sombres envies
Et la marée qui monte

P.47 – Bouillon «Arboretum» , Duu.

En effet Étienne Dupré n’est pas dans le champ «Arboretum» est une œuvre multi où le commun est mis à l’honneur sous forme musicale, sous forme d’exposition et sous forme d’un livret. C’est ce livret que j’ai lu par la suite qui m’a en effet le plus marqué sur l’intelligence de cet album. J’ai eu un plaisir rare à lire les textes des chansons et à me reconnaître dans les pages, les photos, les sculptures, mais surtout les mots. Le livret devient à l’instar d’un livre d’identification Fleurbec un compagnon dans la compréhension de l’univers de l’artiste. Pour la poète, forestière, fan de Lynch et anxieuse que je suis l’œuvre avait de tel écho qu’il me paraissait incroyable qu’il ne soit pas écrit tout spécialement pour moi. La mémoire de Duu devenant étrangement la mienne, moi à qui la mémoire fait tant défaut.

Duu n’est certes pas naturaliste, herboriste, botaniste, biologiste ou expert de la flore, mais il est très certainement un artiste complet avec une démarche remarquable portant un regard sur le monde aussi beau que l’étendu du mycélium.

Le lien conducteur de ces trois univers pourtant distincts était ces échos dans l’essence et se révélant au travers de la poésie, de l’onirisme, de la complicité, dans la progression mais surtout dans la simplicité frôlant la naïveté. Celle qui met en lumière la curiosité et l’exploration dans l’émerveillement de ce jeu qu’est la vie et qui pourtant n’a rien d’enfantin.

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