Tire le coyote – le réconfort
C’est avec une petite impression de déjà-vu réconfortante qu’on a sauté sans « la 3 » direction Grand Théâtre pour se faire happer pour notre premier spectacle du FEQ cette année. C’est quand même un peu bizarre de ne pas courir de scènes gratuites en Pop-up pour parler de la relève. L’action de la version Rebonjour est concentrée au Manège militaire en intérieur, mais la haute-ville a quand même mis ses atours de fête.
Pour cette saucette, on a choisi des artistes chouchous, dont on connaît déjà les chansons par cœur et qu’on a l’impression de retrouver comme des amis perdus de vue au cours d’une interminable quarantaine. Vous excuserez mes références pandémiques, c’est que je ne suis pas sortie depuis un bout!
La salle du Manège est magnifique, la scène spacieuse et prête à accueillir les musiciens chevronnés qui entourent Tire-le (référence à Tire-le et Luc-De…bin quoi, on a plus le droit de s’auto-plugger?). On est quand même loin des scènes extérieures à la merci des bruits de motos ou des averses passagères. Ce sont donc des spectateurs attentifs et conquis qui étaient réunis pour assister à la première prestation de Tire le Coyote au FEQ depuis deux ans, avec un son impeccable.
Si l’auteur-compositeur-interprète se plait à nous rappeler qu’il n’a pas produit de matériel original depuis Désherbage, il a pris soin d’inviter Jeannot Bournival avec qui il a concocté son microalbum de reprises. Celui-ci viendra mettre un peu de sax sexy dans les premières pièces du spectacle avant de laisser sa place à ses fidèles acolytes, notamment les douces mains de Vincent Gagnon aux claviers, le feutré Jean-Philippe Simard à la batterie, et la plusss belle choriste de charme à barbe pour Chanson d’amour en sol standard (Shampoing à la guitare).
Peut-être que notre Katy Perry a pris goût à la solitude, car si le quintette était content de jouer devant du « vrai» monde il ne s’ennuie pas pour autant des photographes (Note du photographe : je suis sûr que c’est une joke, il nous a fait des plus belles faces de barbu). Malgré cette « pointe », on a pris beaucoup de plaisir à se croire poète en murmurant les vers de Jolie Anne et faire du bruit sur Chainsaw. On a aussi pu redécouvrir les textes épurés de quelques reprises d’Avec pas de casque et Francine Raymond et réagir spontanément en reconnaissant les premières mesures de Jeux Vidéo. Les amis se sont même permis d’étirer quelques pièces avec des solos jazzy pour nous permettre de jouir de la spontanéité d’un show « live ». Malgré cette pause forcée, ils n’ont rien perdu de leur dextérité, particulièrement pendant la toujours efficace Confetti et son solo de stratosphérique de Shampooing.
Après des duos débranchés à se faire bercer, le voyage douceur s’est terminé en apothéose avec Le ciel est back-order en formation complète. Un nouvel album est à venir en 2022, cette fois-ci de Limoilou à Saint-Élie. En attendant on étire sa patience en lisant La mémoire est une corde de bois d’allumage à petites doses, pour se laisser porter….
Émile Bilodeau – l’homme qui chante avec ses mains
De retour après un snack sur St-Jean. Nouvelle foule, cette fois-ci notre vieux couple fait monter la moyenne d’âge. Changement d’ambiance, ça réagit au vidéo du FEQ, ça jase, c’est fébrile! Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas notre premier rodéo et on est prêt à danser sur nos chaises en chantant en choeur (ou de tout notre cœur). Cette fois-ci la performance est également retransmise en direct sur les zinternets.
J’ai suivi les péripéties d’Émile Bilodeau au cours de l’année, notamment avec Le Festif à l’école mais la dernière fois que j’ai vu un show d’Émile c’était dans une tente bondée au Festif de Baie-St-Paul où le plafond avait explosé. Quelques années plus tard, un gros 25 ans au compteur et deux albums de plus derrière la cravate, je retrouve Émile avec son énergie, ses textes engagés où les paroles se bousculent et sa joie de jouer devant le monde.
Il fait son entrée, boule d’énergie acclamée par la salle! Dès les premiers accords de Moona, on sent que c’est fait pour jouer fort et qu’on va prendre plein les oreilles de… folk-pop engagé. La poésie est terre à terre et efficace et on est 500 à taper dans nos mains spontanément, la plus grosse foule de l’été! Semblant un peu intimidé par les caméras et sa face sur écran géant lors des premiers morceaux, le saguenéen d’origine a enchainé les chansons de son dernier opus Grandeur mature, où l’humour bon enfant alterne avec des textes engagés calqués sur son quotidien montréalais et l’actualité. Mention spéciale à J’comprends pas, où la conclusion sur Joyce Echaquan a été soulignée par une ovation (et une larme de ma part, merci Émile!)
Si on a eu droit à un segment solo guitare-voix, c’est entouré de son band de feu qu’Émile est le plus efficace, débordant de solos fluos, de cheveux au vent (particulièrement ceux de Nathan Vanheuverzwijn et de Simon Veillet). Chacun a eu son petit moment de gloire, que ce soit Miriam Pilette à la guitare et là la voix pour Échec et mat, ou Carl St-Louis le batteur debout sur son engin pour déchainer la foule avec la trop connue Ça va.
On a même eu droit à a quelques épisodes de thérapies collective avec Passer à TV, Je suis fou ou J’en ai plein mon cass.
Ce fut donc 90 minutes de bonheur avec un show complet comprenant changement de costume et pitchage de pic de guitare, il manquait juste la boule miroir! On va en reprendre, encore et encore.
Une belle soirée, merci le FEQ. On a hâte de faire flasher nos macarons l’an prochain!