Pastel Barbo
Le 19 octobre dernier, Pastel Barbo s’est offert un malin plaisir à jouer en première partie de Mangeur de rêves au Maelstrøm, dans le quartier St-Roch. Les quatre gars de Québec, qui arborent les cheveux longs et le chandail de laine vintage, avaient un but clair, précis et ouvertement annoncé : nous faire buzzer avec leur indie-rock philosophique au-delà de la définition du buzz et ce, sans weed.
Ils ont gagné leur pari! Le bar était à pleine capacité, les spectateurs collés-collés et pratiquement montés sur scène. Le planage en toupie ou les mains en croix devaient se faire avec le consentement de ses voisins. Et les occasions ne manquent pas. Dans le titre La peinture qui s’éteint, la rythmique et les lamentations de la guitare créent l’impression de virevolter sur un tapis volant, les cheveux au vent malgré la sévérité du sujet traitant de l’Alzheimer. Dans Sam Stress (tel qu’écrit sur la set list), la vibe lyrique et légère casse avec l’accent québécois bien gras du chanteur Gabriel Brisson, mais est foutrement efficace.
On est probablement en lendemain de brosse ou réellement dans un état illicite, car la foule écoute respectueusement, sans aucun gazouillis désagréable. Ce fait rare permet d’apprécier le tricot complexe des longues envolées jazz insérées ici et là dans leurs compositions. En fait, l’entièreté des arrangements joués sur scène, qu’ils soient jazz, rock ou folk, est riche et superbement délivrée.
La voix de Gabriel, en particulier sa voix de tête, est notablement bien contrôlée et surprenante, jouant un rôle indéniable dans l’élévation de l’esprit au-dessus de la cocologie. En fin de spectacle, les gars nous proposent même une nouvelle chanson d’amour composée la veille, affectueusement intitulée Calorifère/Heptade. On se moque un tantinet de la relation qu’entretient Gabriel Brisson -auteur de tous les textes- avec le romantisme.
Cette chanson n’est pas du tout mauvaise; elle est à mon sens la meilleure de la prestation et constitue une façon ingénieuse de regagner le plancher des vaches après les dernières notes. On est content du voyage que nous a offert Pastel Barbo et on est déçu qu’il se termine si tôt. Essayez-donc leur trip, juste pour voir!
Mangeur de rêves
Mangeur de rêves est un groupe composé à 60% de membres de Québec, comme se plaît à dire son chanteur Alex Cégé. Mais le samedi 19 octobre, dans un Maelström rempli de fans hardcore, les Mangeurs ont offert 100% de leur corps et âme. Moins dense que celle de Pastel Barbo en première partie, la foule était à tout le moins très bruyante dans son appréciation de l’intégrité d’Histoires à l’envers, l’album du band lancé en janvier dernier et chaleureusement acclamé par la critique.
Les cinq Mangeurs de rêves proposent une musique atmosphérique d’ambiance pop, rock, prog et folk dans un emballage langoureux, sensuel et selon certains, torride… La signature globale s’apparente à du Harmonium, du Pink Floyd et du Rush et est agrémentée de textes ludiques savoureusement bien ficelés, aux sujets grand public.
La force des Mangeurs réside dans les superbes harmonies vocales à la Queen, assurées par les complices d’Alex Cégé. Grâce à une sono extraordinaire, ce jeu vocal allume la proposition en expédiant les spectateurs dans le pays du rêve. Bien structurées, techniquement impeccables et délivrées dans presque toutes les pièces, les harmonies régurgiteuses de vibe contribuent sans aucun doute au buzz qui auréole les gars du groupe.
Ils sont bons et ils jouent bien. Les jeux de cordes du claviériste Florent Schmit, du guitariste JICI IG et du bassiste JPhil Major mettent en lumière la complexité de la partition, la maîtrise du langage instrumental et la virtuosité dans l’interprétation.
C’est à voir si vous avez envie de manger du rêve.