Festival de la chanson de Tadoussac – Compte rendu, 30 juin 2018

PAR

(Photo de couverture : Klô Pelgag – Photo : Philippe Ruel/FCT)

CY

[caption id="attachment_62900" align="alignright" width="200"] Cy – Photo : Philippe Ruel/FCT[/caption] C’est en jasant aux quatre gars du band avant le spectacle que j’ai appris à connaître CY, mais surtout, que j’ai découvert l’énergie débordante et rayonnante que dégageaient ces artistes des plus joviaux. En provenance de la Nouvelle-Écosse, c’est un accent propre à eux qui semble rendre chacun des mots chantés plus authentique, plus riche et plus poétique. Et, on ne peut leur enlever ça: ils ont du charme, le sourire toujours pendu à leurs lèvres comme pour témoigner de la passion qui les anime sur scène. Amateurs de folk, CY est définitivement un groupe à découvrir et à écouter sur un bord de plage entre amis. Cependant, ce qui m’a notamment plu de la prestation et par le fait-même du groupe, est sans nul doute le lien constamment entretenu entre eux et le public. CY prenait le temps et l’emballement d’expliquer avant chacune des compositions le sens des paroles et l’intention derrière celles-ci. C’est pour ainsi dire que l’expérience du spectacle était beaucoup plus enrichissante qu’une simple écoute de l’album chez soi. Mais ce dont on se souviendra du groupe acadien, outre le sourire craquant du chanteur (on ne va pas se le cacher) et l’esprit familial qui s’est dégagé d’eux, est sans contredit la façon dont ils jouaient de leurs instruments. Maniés de façon religieuse, la guitare, la basse, les percussions, le violon, l’harmonica ainsi que d’autres instruments plus méconnus utilisés pour quelques passages particuliers semblaient sacrés, d’une importance fondamentale pour celui qui tenait à la main l’instrument. On nous expliquait chaque fois l’origine de celui-ci et le son qui s’en produisait, sans oublier de mentionner qu’ils étaient joués de manière extrêmement habile. Ainsi, malgré le réveil difficile qu’a été ce matin, je dois lever mon chapeau au groupe qui a réussi à m’emparer d’un esprit festif dès la première note. À la prochaine CY! (Marilou Boutet)  

Misses Satchmo

[caption id="attachment_62901" align="alignleft" width="300"] Misses Satchmo – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] Vêtue d’un costume aux tentacules géantes et aux reflets métalliques, Lysandre Champagne, du groupe Misses Satchmo, s’est vue dévoiler à une foule des plus frénétiques son adaptation des chansons du défunt compositeur de jazz Boris Vian. Il s’agissait de la troisième représentation de ce spectacle original dont l’idée est venue de l’ancien directeur général qui, l’année dernière, avait proposé au groupe de faire du Vian et de monter ce projet pour Tadoussac, ainsi qu’un spectacle et un album. C’est donc avec brio que le défi a été relevé, chacune des chansons jouées étant accueillie par un tonnerre d’applaudissements. Le titre Je suis snob m’a particulièrement épatée, car non seulement les paroles étaient vigoureusement bien interprétées de la part de la chanteuse, mais aussi les instruments tels que la contrebasse et le saxophone ajoutaient-ils une dimension super intéressante à ce grand classique. L’énergie du groupe se faisait ressentir partout sous le chapiteau, et bien des rires ont éclaté alors que Lysandre Champagne a fait preuve d’un charisme et d’un humour fort apprécié de tous. Les pièces étaient jouées avec vigueur et précision, notamment lors de longues lancées instrumentales qui m’ont fait questionner si leur souffle allait un jour s’éteindre. Bien que plusieurs titres s’avéraient fort humoristiques, d’autres étaient très profonds, par exemple le poème Je voudrais pas crever, et mettaient à l’honneur la réelle beauté des mots de Boris Vian. C’est ainsi à la fois la folie qui s’est emparé du groupe que la parfaite union des différents musiciens en jeu qui a fait de cette prestation un réel succès et surtout, un réel hommage à Vian. (Marilou Boutet)  

Émile Bilodeau

[caption id="attachment_62899" align="aligncenter" width="696"] Émile Bilodeau – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] Je dois l’avouer, quand on m’a appris qu’on me confiait la mission de présenter sur scène cet artiste, j’avais l’air d’une enfant de trois ans. Beaucoup trop énervée et survoltée, je ne pouvais plus attendre ce moment où j’allais enfin découvrir le dit Émile Bilodeau, dont la plume, et je ne suis pas la seule à penser cela, m’impressionne toujours énormément. Mes attentes face à sa prestation étaient ainsi assez hautes. Et bien, qui l’aurait cru, je suis sortie du show avec un attachement encore plus profond pour ce jeune de 22 ans. Ayant un sens inouï du spectacle, Bilodeau a su faire autant rire que danser la foule des plus festives. Il maintenait un contact constant avec son public, n’hésitant pas à partager autant anecdotes sur ses chansons que des histoires plus intimes sur sa vie à lui. Impossible de rester indifférent au bonheur qui l’habite et à ses quelques allusions à “l’homme heureux qu’il est”. Déjà au deuxième titre, la sueur commençait à envahir son front, donnant tout ce qu’il avait. Tous sentaient également le travail derrière le choix des paroles, alors qu’il présentait autant ses titres les plus connus tels que J’en ai plein mon cass et Dehors que de nouvelles compositions, dont Condom qui a fait éclater de rire la foule entière. Émile Bilodeau est charismatique, on ne peut le nier. Il n’a pas hésité à prendre des photos et à parler à ses fans, en plus de présenter le band qui l’accompagnait de façon reconnaissante et avec qui on le sentait fort complice. J’ai même surpris les techniciens qui, habituellement sont plutôt plongés dans leurs pensées, danser sur les airs des chansons tout en buvant leur slush. Cette petite scène trace ainsi assez bien le portrait de l’ambiance qui se dégageait sous le chapiteau. Émile Bilodeau, un nom qu’on entend de plus en plus et, croyez-moi, qu’on apprécie de plus en plus. (Marilou Boutet)  

Klô Pelgag

[caption id="attachment_62902" align="alignright" width="300"] Klô Pelgag – Photo : Philippe Ruel/FCT[/caption] Les murs vibrent lorsque les musiciens entament un premier air et on pourrait croire qu’un vaisseau extraterrestre est sur le point de débarquer. L’apparition de Klô Pelgag est fidèle à sa musique. Elle semble venue d’un autre monde, parée d’un pantalon argenté de cosmonaute, d’un chandail à fleur de lys et de lumières sur le buste qui rappellent celles du vaisseau d’E.T.. Véritable Lady Gaga symphonique, Klô Pelgag sait mettre en valeur un vocabulaire riche en images avec des textes habilement tricotés. Ces derniers sont soutenus par de surprenants arrangements dans lesquels tout le registre des cordes est exploité et où la voix cristalline et presque surnaturelle de Klô Pelgag donne envie de visiter son univers parallèle. Ses danses animales, ses discours timides et transparents et sa présence scénique extraordinaire ont ajouté à la musique une teinte unique plus qu’à la hauteur. (Aglae Brown)  

Tire le coyote

[caption id="attachment_62898" align="alignleft" width="300"] Tire le coyote – Photo : Philippe Ruel/FCT[/caption] La voix fragile et lumineuse de Tire le coyote en a sans doute ébranlé plus d’un lors de sa prestation samedi soir sur la scène Québecor. C’est tout l’auditoire qui a retenu son souffle pendant une chanson guitare-voix, comme pour ne pas perturber sa propre expérience. L’église se remplissait un peu plus à chaque note d’une vaporeuse mélancolie, et une fois la chanson achevée, tout le public semblait respirer différemment. Apaisé. Tire le coyote a remercié son auditoire de ne pas avoir ‘’troué le silence’’ au cours de sa douce chanson. Mais il n’est pas le seul dont la poésie a été dévoilée ce soir là, puisqu’il s’est donné le mandat de rendre cet art plus accessible: ‘‘Je suis un grand amoureux des mots, de la poésie. On devrait l’apprendre plus tôt dans nos vies. Ça ouvrirait une couple d’horizons.’’ Il invite lors de ses spectacles un poète local à venir bercer le public de ses mots. Arrive donc Noémie Pomerleau-Cloutier, originaire de Baie Comeau, avec son vocabulaire sauvage et forestier. Intimes et émouvants, les airs planants de Tire le coyote n’ont pas fini de nous surprendre, de nous nouer la gorge pour nous faire sourire l’instant d’après, et surtout de nous offrir une nouvelle perspective, tant artistique qu’émotionelle. (Aglae Brown)  

Keith Kouna

[caption id="attachment_62897" align="aligncenter" width="696"] Keith Kouna – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] Je me souviens d’avoir écouté Keith Kouna avec mes parents quand j’avais autour d’onze ans J’avais pas accroché sur son timbre de voix, encore trop jeune pour comprendre tout le sens des paroles. Je ne m’étais jamais retournée vers son travail depuis et, oh, j’avais tort. Samedi soir, c’est la poésie féroce des textes de l’album Bonsoir Shérif qui m’ont frappée de plein fouet. Des chansons dénonciatrices qui, si elles donnent une belle claque dans la face, ont aussi le pouvoir d’inspirer le changement et de rendre ça beau, être en maudit. Keith Kouna et les musiciens qui l’accompagnaient avec fougue en ont mit plein les yeux, les oreilles et la tête aux festivaliers qui ont gueulé en choeur dans le sous-sol de l’église des paroles cinglantes, bière à la main. J’ai eu un coup de coeur pour ‘’Poupée’’ avec son rythme saccadé, ses allitérations et ses mots troublants. Le punk chuchoté de cette pièce vaut la peine d’être entendu. J’aurais pu retranscrire un couplet ici, mais non, non, parce que faut l’écouter pour le vivre et que j’ai le goût que tu le vives. Si les chansons de Keith Kouna ne m’avaient pas rejointe à la première écoute, je constate que c’était simplement pour frapper plus fort cette fin de semaine. (Aglae Brown)]]>

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