Super Lynx Deluxe, c’est l’appellation du dernier né du groupe Galaxie mené par Olivier Langevin et comme d’habitude c’est un party musical. Riffs dansants, rythmes percussifs efficaces signés Pierre Fortin, textures riches souvent portées par l’expérimenté François Lafontaine aux claviers et textes naviguant dans les eaux troubles des dérapages nocturnes, on reconnait d’emblée la signature Galaxie. Nous avons profité du passage de Langevin lors de la clôture de la tournée de Fred Fortin pour parler de cette nouvelle oeuvre; une véritable synthèse de tout ce qu’a fait Galaxie, avec en prime un pas en avant dans l’exploration de nouvelles dynamiques et sonorités. En plus, l’album sort directement en vinyle (avec en prime une réédition de Tigre et Diesel, on nous susurre que l’idée de relancer les deux premiers albums suit son cours) ce qui permettra aux fans de profiter pleinement de la superbe pochette de Martin Bureau. En guise de prologue, j’ai demandé à Olivier Langevin de nous parler de ses états d’âme au sujet de dernier concert qu’il devait donner le soir même à l’Impérial Bell avec Fred Fortin pour sa tournée Ultramarr. «C’est le dernier show avec notre beau Fred, ça va être émotif j’ai l’impression. Pour vrai c’est un peu triste, parce que c’est une belle gang, un beau band. Frank, Fred pis moi, on continue dans Galaxie, mais on se sépare quand même de Jocelyn (Tellier, guitariste) et Samuel (Joly, batteur) et des techs faque c’est un peu triste même si on sait qu’on va refaire des trucs ensemble.» Lorsque je le questionne sur l’explosion de popularité de leurs projets respectifs il explique avec humilité: «Je pense que c’est le travail des années, on enligne les projets que ce soit Galaxie, ou lui, ou Gros Mené, on tient notre monde en vie, puis c’est la même base de fans qui vient nous voir. Je pense que c’est l’accumulation et le travail à long terme qui a créé tout ça.» Au sujet de cette popularité qui est survenue pas mal en même temps que la chute des ventes d’albums, il mentionne ne pas vraiment penser à ce genre de chose. «Je l’sais pas, on a tellement toujours été un peu à côté de la track, oui on pourrait faire des statistiques et se dire que si on vend 10 000 disques aujourd’hui ça aurait pu être 3 ou 4 fois plus en 95, mais ça devient un peu inutile. J’ai l’impression que peu importe, ça aurait été un peu la même affaire. Je suis pas aigri en tout cas. Ça va bien, on tourne en masse tout le temps. J’espère que ça va continuer. On a du fun à jouer ensemble, autant qu’avant, sinon plus! On continue à s’améliorer un p’tit peu. On est choyé de pouvoir continuer à faire ça pis on a du beau monde qui vient nous voir.» Nous sommes ensuite entrés dans le vif du sujet, soit ce disque tout frais qui arrive chez les disquaires ou autres plateformes numériques aujourd’hui même. Je voulais d’abord savoir s’il y avait eu une ligne directrice pour l’élaboration de cet album. «Pas vraiment, d’habitude après une tournée je mettais la clé dans la porte et je switchais sur d’autres projets. Celui-là on a commencé à l’enregistrer à la fin de la tournée de Zulu. On s’est installé à mon studio; j’avais continué à composer, et on s’est dit qu’on essayait de ne pas perdre le beat. Comme des vieux ados on a trippé, sans se dire qu’on tapait un album. Après la première fin de semaine, on avait déjà la toune Phénoménal de faite. On a continué à se faire des petits meetings de même pendant l’année et l’album a fini par apparaître au travers de tout ça assez facilement.» Bien qu’il reste dans les voûtes 4-5 chansons ou ambiances qui cadraient moins sur l’esprit “Super Lynx”, on retrouve sur le nouvel album l’essentiel du processus créatif de la dernière année. «C’est beaucoup Pierre Fortin, Frank (Lafontaine) pis moi qui travaillons sur les versions live des chansons. Après on rajoute parfois des trucs avec d’autres.» Le contexte de création est important aussi. Quand il travaille seul dans ses affaires, l’horaire 9 à 5 fonctionne assez bien avec les hauts et les bas inhérents à la création. Cependant, quand vient le temps d’enregistrer en gang, il faut pouvoir oublier le temps et laisser aller les choses, même si ça représente un défi supplémentaire avec les familles et les projets de tout le monde. Même s’il arrivait en studio avec des idées embryonnaires pour laisser toute la place au reste du trio et éviter le piège du démo qu’on cherche à reproduire, le groupe a tout de même conservé quelques pistes de guitare qui apparaissaient sur les démos. Une façon de conserver une touche de l’élan initial. Questionné sur la concision des albums de Galaxie, Olivier explique: «C’était pas conscient, mais ce l’est devenu. J’aime vraiment les albums courts et directs; lorsque tu finis l’album pis que t’as le goût de recommencer. Surtout dans le style de Galaxie, ça marche bien, j’aime ça que ça y aille!» Les thématiques nocturnes et psychotropes sont encore centrales sur ce nouveau disque. Je lui ai demandé si Galaxie était au fil des ans devenu le meilleur véhicule pour les dérapes. «Le psychédélisme a toujours été dans le lexique et dans l’ambiance du groupe. C’est un thème qui fitte bien avec la musique. Au fil des albums, Galaxie est presque devenu un personnage. J’me sers de ce buzz-là quand je compose.» Il nuance cependant sur le party constant dans les paroles de Galaxie: «Un écrivain d’horreur ne torture pas du monde dans son sous-sol(rires)! Il y avait encore un peu des effluves de la tournée qu’on venait de finir; des insides, on devient un peu fou. Les bibittes qu’on avait dans la tête à la fin de la tournée de Zulu se promènent un peu sur ce disque-là…» [bandcamp width=100% height=120 album=1083228481 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small] En parlant de la tournée à venir, Olivier espère voir le groupe continuer sur sa lancée: «Pierre est arrivé vers la fin du Temps au point mort. Ça fait donc plus de 10 ans qu’on tourne ensemble. On a commencé à répéter la semaine passée et c’était vraiment le fun à jouer live. J’ai hâte au lancement la semaine prochaine même si on fait seulement 4-5 tounes.» Avec une discographie toujours grandissante vient aussi le moment de choisir ce qui fera son chemin jusque dans les concerts. «On ne faisait plus vraiment de chanson du premier disque, on va voir si on ramène quelque chose, mais on aura sûrement une ou deux tounes du Temps au point mort. On monte les nouvelles tounes en premier et quand on fait les vieilles on s’ajuste avec les nouveaux sons pour monter des nouvelles versions. Il y a beaucoup d’improvisation dans les spectacles aussi donc on va aller ailleurs, on est dans d’autres buzz. On commence à devoir enlever des tounes qu’on aimait vraiment jouer.» Avant notre discussion pour découvrir le côté mélomane d’Olivier Langevin, nous avons parlé d’une des facettes qu’il semble affectionner spécialement dans son métier: la réalisation d’albums. Jusqu’au dernier disque, on l’a entre autres vu aux côtés de Mara Tremblay, mais il a aussi réalisé des disques de Vincent Vallières, des Dale Hawerchuk ou de I.No. Si son horaire chargé l’a obligé à refuser quelques projets, il aimerait travailler sur les albums des autres dans un futur proche.