Suuns, l’un des groupes les plus pertinents de la scène montréalaise, était de retour en ville moins d’un an après leur dernière apparition aux Nuits Psychédéliques. Cette fois, le concert se déroulait au Cercle, une salle parfaite pour des groupes qui présentent une musique énigmatique et riche en décibels.
Cinq immenses lettres gonflées annonçait l’arrivée imminente du groupe sur scène. C’est la chanson finale d’Images du futur, la bien nommée Music Won’t Save You, qui a ouvert le bal. La superpuissante Powers of Ten a suivi dans toute sa complexité, permettant à la foule d’observer le batteur Liam O’Neill exprimer l’étendue de son talent. C’est que la musique oppressante du quatuor repose en grande partie sur les structures rythmiques complexes de la batterie et la subtile sensibilité pop qui enrichit constamment les sonorités lourdes et volontairement chargées souvent mises de l’avant par le claviériste Max Henry. Translate, un des nombreux moments forts du spectacle, est un exemple parfait de ce côté entrainant qui ajoute une certaine lumière à la lourdeur mélodique et qui a tout pour convaincre les spectateurs de bouger.
Le groupe a servi plusieurs pièces du dernier album Hold/Still, interprétées avec plus de précision et d’aplomb qu’au début de la tournée, insufflant à des pièces comme Resistance et Instrument une énergie brute franchement gratifiante. En fin de parcours, Suuns s’est risqué à présenter des pièces parmi les plus hermétiques de leur discographie, telles que Pie IX, Brainwash et Careful, prouvant qu’il avait l’appui indéniable de la foule, qui a suivi le groupe aveuglément dans les dédales les plus étranges de leur discographie. Si Arena est venue conclure cette performance de façon spécialement dansante, le groupe réservait un monstrueux rappel aux spectateurs massés au Cercle pour l’épilogue de cette soirée. La très fuzzé Armed For Peace a ouvert le bal, puis l’étrange ligne vocale de Up Past the Nursery a résonné parmi les spectateurs comblés. Le tout s’est terminé avec plus de retenu avec l’essentielle Edie’s Dream et sa ligne de basse langoureuse. Un concert exceptionnel, qui sera assurément considéré en fin d’année lorsque j’aurai à réfléchir aux meilleurs moments de mon année musicale. Parlant de musique hermétique, Sarah Davachi a présenté en première partie un long drone assez minimaliste aux claviers. Il faut probablement être un amateur du genre pour en apprécier les subtilités.
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