[ÉDITORIAL] FERMEZ VOS GUEULES!

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FERMEZ VOS GUEULES, CALICE! Faut croire que je n’étais pas le seul à me sentir agressé par ce comportement irrespectueux parce qu’à l’entracte, le parterre s’est rempli pendant que les deux paliers suivants se sont vidés. En fait, après avoir pris mes photos des trois premières chansons des Sœurs Boulay, je me suis dirigé vers l’arrière, question de ne pas cacher les spectateurs qui avaient payé 35 $ chacun pour apprécier le spectacle que je venais couvrir. J’ai eu du mal à me faufiler hors du parterre. Je comprends pourquoi ces gens ont préféré se coller à l’avant. D’où j’étais ensuite, on n’entendait que les conversations des deux petites mesdames qui auraient pu s’acheter une bouteille de vin et discuter du bureau  au son de 4488, de l’Amour à la maison au lieu de faire suer tout le monde autour d’eux! Si cette situation était exceptionnelle, on n’en ferait pas de cas. En fait, on en ferait une gentille mention dans l’article et ça s’arrêterait là. Le problème, c’est que si vous lisez nos comptes rendus des derniers mois, vous vous rendrez compte que la situation est un brin épidémique… Je ne suis pas chialeux. J’ai assisté à des spectacles où ça brassait beaucoup, parfois pour des chansons plutôt tranquilles (allô Bernard Adamus). Où des jeunes femmes étaient littéralement poussées contre la scène parce qu’il y avait une gang de fans trop enthousiastes qui voulaient danser frénétiquement (allô Dead Obies). J’ai vu (et vécu) des moshpits assez violents, j’ai même survécu à un Wall of Death (allô Rouge Pompier). Viarge, je suis même déjà allé prendre des photos au beau milieu d’un sympathique moshpit pendant un rappel de GrimSkunk (merci gang d’avoir fait attention à moi, c’est même pas sarcastique). Ça crachait de la bière en l’air au show de Caféïne la semaine dernière! Les cellulaires sont partout (deal with it, ils ne s’en iront pas). Mais tout ça, ça ne nous empêche pas au moins d’ENTENDRE ce que les artistes ont à nous proposer et, bien franchement, la plupart de ces éléments font partie de l’expérience d’un show dans ta face. Cependant, payer 35 $ pour aller discuter (fort) avec sa collègue du bureau, un verre de vin à la main, pendant que Les Soeurs Boulay tentent de rejoindre tout le monde avec leurs belles chansons, c’est inacceptable. C’est un manque de respect envers tout le monde dans la salle, des artistes jusqu’aux spectateurs. Ça gâche le show. Et, bien franchement, ça incite des gens qui ne sortent déjà pas souvent à choisir un autre loisir pour meubler leurs soirées. Si, tout ce que vous voulez, c’est une toile de fond à votre conversation, achetez-vous donc le dernier disque de votre artiste préféré avec une bouteille de vin, et invitez donc votre collègue à jaser chez vous. Un : ça va coûter moins cher. Deux : de notre côté, on va mieux apprécier le spectacle et il sera plus facile de convaincre d’autres mélomanes d’y aller. En 2017, l’attitude du public est une composante essentielle d’un bon show. Voir du monde slammer sur une toune tranquille d’Adamus, c’est sympa. Crier ÇA FAIT PLAISIR en choeur avec Gab Paquet quand il chante Consommations, ça fait du bien. Faire du pogo à en faire trembler le plancher du Cercle quand Koriass chante Petit Love, c’est enivrant. Entendre Avec pas d’casque chanter Les gloires du matin avec, comme seul bruit de fond, des goélands qui se sont invités au quai de Baie-Saint-Paul, c’est extatique. Pouvoir entendre clairement Safia Nolin chanter Ayoye, sans ampli, alors qu’on est collé sur la porte de sortie du Cercle, ça donne des frissons. Entendre ses voisins parler pendant que Plants and Animals jouent une toune de Cohen pour lui rendre hommage le soir où on a appris son départ, ça, ça fait chier. Les artistes que nous allons voir ont pas mal tous un point en commun : ils respectent leur public et sont prêts à tout donner pour eux. La moindre des choses, ça serait les respecter itou. Pas se donner tous les droits parce qu’on a payé pour être là. Simple question de savoir-vivre.]]>

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