Cercle pas mal bondé qu’a eu lieu le concert de Jerrycan, Lucil et Pannetone le vendredi 28 octobre 2016 à Québec. En arrivant sur le lieu, mon premier contact fut avec les musiciens de Lucil qui d’entrée de jeu, furent très sympathiques et accueillants par rapport à mon nouveau statut de chroniqueur de ecoutedonc.ca. J’ai pris la peine de leur expliquer que dans ce milieu, ça n’allait vraiment pas au talent et que j’avais une préférence pour le rhum ambré sur glace. C’est à ce moment que je me suis dit que je pourrais écrire des chroniques comme certains journalistes culturels, que je ne nommerai pas, qui parlent d’eux-mêmes en train de rencontrer des artistes au lieu de parler du travail des artistes. Cette idée a pris le bord dès que les musiciens de Pannetone sont venus me saluer et que j’ai aperçu Jerrycan. Le ton était donné. L’ambiance était déjà chaude. La soirée s’annonçait à l’image de la scène indépendante où les groupes se partagent tout le boulot dont gérer eux-mêmes la porte. Jerrycan [caption id="attachment_33867" align="alignnone" width="640"] Crédit photo: Manon Landry[/caption] Quelques minutes avant l’entrée sur scène, Christophe Balleys, alias Jerrycan, semblait nerveux même s’il le dissimulait bien derrière son enthousiasme. Son visage m’était familier. Je ne me souviens plus si je l’avais aperçu pour la première fois lors d’observation d’astres et d’étoiles au télescope ou sur la scène de la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Cette réponse fut très claire lorsqu’il est monté sur scène vêtue de son habit d’astronaute antigravitationnel. Il a ouvert la soirée magnifiquement en chanson très posée et authentique. C’est après quelques minutes que le « Chou-bi-dou-wa » a pris place. Cet artiste a une faculté inouïe à installer une mélodie avec son chant, sa guitare et sa machine à boucles. Assez, qu’après un certain temps, on n’a plus besoin de son pour l’avoir bien ancrée en tête. C’est ce qu’on appelle un vers d’oreille. C’est là que le « pampa » prend forme dans une espèce de danse tribale intergalactique. Installé entre la poésie et le délire excentrique, Jerrycan sait créer une ambiance. Il a installé le ton magnifiquement pour la soirée. Lucil [caption id="attachment_33868" align="alignnone" width="640"] Crédit photo: Manon Landry[/caption] Dès les premières notes de Lucil, on comprend bien que nos deux pieds sont bel et bien revenus sur terre. Bien assis avec un son bien fort, les musiciens Ulysse Ruel (voix, harmonica), Martin Boudreault (guitare), Olivier Laflamme (basse) et Alexis Hernandez-Funes (batterie) se sont présentés sur scène. Force est d’admettre que cette formule scénique impose nécessairement une attention d’écoute particulière et une curiosité. Leur musique oscille entre les entrailles du blues profond et le traditionnel purement québécois. On y entend des similitudes avec les Colocs sur une trame plutôt dans les ambiances de The Doors. C’est sale. C’est planant. Les riffs répétitifs et la maîtrise parfaite d’Ulysse sur son harmonica et ses effets impressionnent. Le groupe a fait paraître deux EP en 2015. Si « Le jour, c’est la bouteille qui comble mon ennui » (chanson M’en aller), l’autre soir, c’est à du blues mature et équilibré qu’on a eu droit. Pannetone [caption id="attachment_33874" align="alignnone" width="640"] Crédit photo : Manon Landry[/caption] En début de concert, Pannetone chante « J’taime pi j’t’haïs ». Ça y était. Le ton était donné. C’est avec une voix bien rauque et bien rock que Patrick Panneton s’est présenté sur scène avec ses musiciens Philippe Levesque « Rusty » (batterie et voix), Jasmin Tremblay (basse) et Shampouing (guitare et voix). On y entendait par moment la voix de Tom Waits accompagné par System of a Down ou Red Hot Chili Peppers. Ils ont bien tenu le fort pendant le concert avec une grande sincérité. Leur biographie parle d’un rock sans filtre avec des textes crus, sans vulgarité, nous racontant la vie d’un point vu original. C’est ce à quoi on a eu droit. « Le beat est bon, le gaz au fond » ça donnait le goût d’aimer « les vieux chars » bien que Rusty nous rappelait entre deux chansons que « la planète, il faut y faire attention, bin oui, bin oui ». C’est après le concert et je ne sais plus combien de rhum ambré sur glace que les musiciens m’ont dit « C’est pas du rock francophone, c’est du rock Québec, Ville de Québec ». Pour ma part, je pense qu’ils ont l’envergure pour sortir de la Capitale-Nationale. Ils sont présentement en train d’enregistrer un album avec Benoit Villeneuve (Shampouing), récipiendaire du Félix pour la prise de son et le mixage en 2015 pour l’album Panorama de Tire le coyote. C’est à surveiller. Entre temps, ils seront au party du Bunker D’Auteuil le 17 décembre au Bal du Lézard à Québec. ]]>