C’est avec l’arrivée du froid que ChassePareil, un groupe inspiré des grands décors du Saguenay, vient nous réchauffer avec la sortie de leur premier album « Les oiseaux d’hiver ».
Qui aurait pu penser qu’un groupe composé de cinq jeunes adultes de la vingtaine inspirerait un retour aux racines culturelles québécoises avec un style folklorique bien à eux. C’est au travers de paroles rustiques et une diversité instrumentale que ChassePareil nous accroche en mélangeant tradition et modernité. La tradition se ressent notamment à l’écoute des harmonies entre la flûte traversière de Johanie Tremblay et la mandoline d’Ovide Coudé qui suscite chez l’auditeur un sentiment d’appartenance envers notre culture. Ce côté traditionnel se réfère beaucoup à un style ancien, voire d’inspiration du Moyen Âge, lorsqu’Alexandrine Rodrigue s’emporte dans un solo de guitare acoustique.
D’un autre côté, les compositions reflètent une modernité en abordant des concepts issus des réalités de la jeunesse d’aujourd’hui. Dans la chanson Aéroport, l’amour passager est abordé, thème qui est très récurant chez la génération Y. «Je te prends pour un aéroport Je décolle de toi pis après je reviens J’atterris chez toi.»Il y a aussi les pièces Les moissons et Incarnation où l’on sent qu’ils ont toujours un lien d’attachement à leur Saguenay d’origine. On peut ressentir cet attachement dans le vocabulaire choisi dans Les moissons qui se caractérise par des expressions typiques de la région et des pensées qui se rattachent à la nature.
« Viens marcher avec moi Le Fjord est triste à soir Et si t’as peur dans le noir J’ai des chandelles dans ma froque On fera peur au pick up En criant comme des buck Pis on dormira dans le lit de la rivière. »
L’attachement se remarque aussi dans les références à leur expérience vécues de la grande ville de Montréal dans Berceuses pour les oiseaux d’hiver ou l’on perçoit une exile involontaire.
«Taurais du rester dans ton bois chez vous Montréal craque sous les roues du bicycle.»
«Tu t’en vas hiberner dans le métro pis ça sera ta tanière.»
Autre modernité derrière le style traditionnel est le timbre de musique du monde que l’on retrouve dans les percussions de Pascal Gagnon-Gilbert dans l’intro, Petite ourse, ainsi que Peau d’âne. Ce mélange ethnique se repère également dans la Grande ourse avec des inspirations du Moyen Orient. La voix du contrebassiste Pierre-Antoine dans cette pièce est particulière et calme sur un ton linéaire.
ChassePareil donne envie de se ressourcer, de faire une pause du rythme quotidien, de se retrouver en famille, de partir vers le chalet. Personnellement, c’est le genre d’album que j’écouterais en plein temps des fêtes en buvant du thé des bois au bord du foyer pendant que ma mère cuisine de la soupe aux pois (qui a dit que c’était seulement Mon beau sapin pis les chansons qui évoque le Christ qui inspirait Noël ?).
Pour ma part, je ressens une mélodie familière entre chaque chanson qui me fait parfois décrocher avant la fin de l’album. Je crois que ChassePareil peut exploiter une diversité d’instruments, mais on peut constater que la flûte et la mandoline sont plus appréciées par les musiciens. C’est pour cette raison que la chanson Bourgeonne me rejoint, car l’harmonica et la trompette font ressortir des tonalités plus jazz que traditionnelles.
Aussi, leur nouvelle chanson Kyrie me rappelle les airs instrumentaux de la sommité de la musique québécoise, Harmonium, groupe qui a sans doute influencé l’orientation musical de ChassePareil.
C’est dans le petit village de Sainte-Rose-du-Nord, aux abords du Fjord, que le groupe a pris son inspiration en réalisant l’album dans un décor naturel d’hiver. Les oiseaux d’hiver a été enregistré dans le garage d’Ovide. C’est peut-être pour cette raison que la musique provoque un sentiment de proximité, du bien-être à la maison.
Auparavant sous le nom de SweetGrass, ChassePareil a célébré son lancement dans sa région, mais également à la fameuse Auberge de Jeunesse de Tadoussac samedi dernier. L’album est maintenant disponible depuis le 13 octobre sur bandcamp. Bonne écoute !
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