Jeudi passé j’ai reçu ma paye. Vendredi, j’ai mangé des ramens. Mais entre les deux, il s’est passé des affaires pas mal trippantes. Compte-rendu d’une soirée psychélectrique folle et de bon goût. NDLR : Rassurez-vous, aucune substance illicite n’a été consommée pour les bienfaits de cet article.
Le show commence avec les Si Señor, boy band aux goûts vestimentaires… créatifs, pour ne pas dire douteux. Écouter la musique des Si Señor, c’est un peu comme ré-écouter l’épisode des Simpsons où Homer mange un piment magique au festival du Chili; il se perd en plein désert, rencontre un coyote nommé Johnny Cash qui lui conseille de partir en quête de son âme soeur et se réveille dans un terrain de golf. Bon. J’ai pas trouvé de coyote au Scanner et mon chili est tout ce qu’il y a de plus straight, mais c’est juste pour expliquer à quel point leur musique est psychédélique en estiche. C’est du bonbon, acid jazz planant instrumental avec des longs riffs appliqués. miam miam.
Puis arrivent les fruits peinturés, euh, s’cusez, les PAINTED FRUITS ! Ces gars-là sont pas mangeables, mais sont ben beaux. J’ai trouvé dans leur musique un petit quelque chose d’été et de joli comme une crème glacée, les refrains chantants, la batterie gentille et sautillante, ça donne envie de s’étaler sur le sable et de jouer au volley à moitié tout nu, ou juste de se prendre par la main… Cute à mort! À ce stade-ci, j’était trop occupée à shaker de la tête pour me souvenir de leur face comme du monde rendue sur ma table à dessins, faut dire qu’une valse contagieuse avait commencé à brasser doucement la foule du Scanner, j’ai même surpris le frigo à esquisser quelques pas de danse.
Johnny de Courcy monte sur scène : grande échalote à la gueule de rock star et aux yeux de biche. Je ne connaissais pas du tout le dude, mais aux premières notes de Master Manipulator j’ai su que j’étais en amour, happée comme l’achigan sauvage sur le hameçon du rock progressif. PAF PAF FONT MES MOTS DANS TA FACE Je remercie Vancouver d’être tellement monotone qu’elle a engendré un esprit aussi déjanté. Puisque De Courcy est l’enfant impossible qu’auraient eu David Bowie et Peter Murphy s’ils s’étaient tombé dans les yeux… j’exagère à peine. Une dégaine folle, un laisser-aller, un rien-à-foutre de gars pour qui c’est naturel de cracher des hits. Une sensibilité dans la voix qui passe de murmure étouffé contre le micro à du gueulage viscéral et transcendent, mais toujours la note juste. Je pense aux pistes Wind Chimes et Cherry Lane qui exploitent très bien cette dualité. Si ses chansons étaient une planète, j’y bâtirais ma maison.
Enfin viennent La Fête. J’ai un seul reproche à leur faire : y’a pas assez de tounes sur leur bandcamp parce qu’on en MANGERAIT. Ils ont fermé le show en douceur, après la montée dramatique de l’énergie on avait besoin de quoi de plus smooth pour l’atterrissage. Et ce fut réussi. Tantôt jazzy, tantôt noise-tendresse, toujours swell. Une musique agréablement dissonante dans un paysage instrumental acidulé.
ti-galope ti-galope ti-galope je suis un cheval nommé la fête et je distribue joie et indécence sur vos visages fatigués.
Ce fut une belle soirée.
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