Seul au piano de Pierre Lapointe. L’an dernier, le chanteur populaire (c’est lui-même qui le dit) nous proposait une version plus sobre de son catalogue sur Paris Tristesse. Cet album mélancolique et seul au piano était présenté au public de Québec pour une dernière série de représentations. Revisitant ses grands succès et ses pièces lyriques moins connus, sans oublier quelques reprises, le chanteur a su nous hypnotisé avec son instrument. Retour sur une soirée musicale sans faille. Dès le lever du rideau à huit heures précises, Pierre Lapointe se dirige vers son piano à queue placé devant un grand champ de lutrins vides. C’est dans cet univers très mystérieux que l’artiste se lance dans une mise en garde face à son oeuvre triste. Après ce court discours, nous entrons dans l’atmosphère de Paris Tristesse. Ce spectacle prend un sens très introspectif. Nous sommes collés aux paroles de Lapointe ainsi qu’aux mélodies de son instrument de prédilection. Tu es seul et resteras seul lance le bal de la déprime. Dès la première pièce, nous sommes dans une salle presque toute noire, seul un faisceau de lumière éclaire l’artiste. Le travail exceptionnel d’Alexandre Péloquin aux éclairages est digne de mention. Tout au long du spectacle, les éclairages nous ferons entrer dans des atmosphères différentes selon les pièces. [caption id="attachment_22272" align="alignleft" width="206"] Pierre Lapointe présente Paris Tristesse à Trois-Rivières (photo d’archives). Crédit photo : Izabelle Dallaire[/caption] L’acoustique est aussi excellente dans la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre. Francis Beaulieu au son fait un excellent travail dès les premières notes du chanteur. Ce dernier a d’ailleurs une voix sans aucun défaut. Après avoir effleurer Les lignes de ma main avec brio, nous sommes projeter dans une magnifique interprétation de Nu devant moi. Certes, Punkt! est mon album favori du chanteur, je suis peut-être un peu biaiser, mais j’ai l’impression de redécouvrir le catalogue de Pierre Lapointe après chaque chanson du spectacle. De plus, un concert seul au piano permet à un artiste de ressortir certaines pièces moins propices au full band. C’est le cas de Au 27-100 rue des Partances, de l’album La forêt des mal–aimés, qui fête ses 10 ans cette année. Une ovation sera d’ailleurs offerte par le public suite à l’interprétation de ladite chanson. Je dois féliciter la discrétion et l’écoute du public qui sont exceptionnelles. En effet, les spectateurs sont toujours silencieux et attentifs aux paroles du chanteur. Le but est de vivre l’expérience proposée à fond. Fermer les yeux, écouter et vivre la musique jusqu’à ce qu’une boule se forme en soi. C’est ce que j’ai vécu hier soir avec la salle comble du Grand Théâtre. Heureusement, Pierre Lapointe coupait, d’une façon très drastique, la tristesse avec divers monologues humoristiques directement tiré des Bobos du mille-end. Quelques pièces ont provoqué de fortes réactions auprès de l’auditoire tels que Tel un seul homme ou encore Le lion imberbe. La reprise d’Elisapie Isaac, Moi Elsie, était magnifique. Le trio proposé en conclusion était exceptionnel : Nos joies répétitives, La plus belle des maisons et Je déteste ma vie. Interprété avec une férocité dans la voix, Pierre Lapointe nous fait presque verser une larme tellement le propos et le contenant sont puissants. En rappel, nous avons droit à une version revisitée d’une chanson que Lapointe n’est plus capable de jouer tellement il est « tanné ». Pour faire plaisir au public, Deux par deux rassemblés est offerte en version mimée pour les enfants de 4 à 8 ans. Quelle belle façon pour un artiste de jouer des pièces attendues du public, mais qui ne représentent plus aucun plaisir pour lui. Le public a chanté avec Pierre Lapointe et riait aux éclats lors des mimiques. Juste avant de nous quitter, il nous offre une reprise de Léo Ferré : C’est extra! Une belle conclusion jouée encore une fois avec une férocité inexplicable. L’émotion est encore palpable en moi au moment d’écrire ses lignes. J’ai vécu une expérience inoubliable avec un artiste d’un grand talent. Un concert à voir absolument. Pierre Lapointe remet ça ce soir au Grand Théâtre… mais c’est complet ! Pour le revoir, il faudra se rendre à Lachine, Sorel-Tracy, Cowansville ou Ste-Agathe-des-Monts pour l’ultime représentation de Paris Tristesse le 7 mai prochain. Grille des chansons
- Tu es seul et resteras seul
- Les lignes de ma main
- Nu devant moi
- Quelques gouttes de sang
- Au 27-100 rue des Partances
- S’il te plait
- Les vertiges d’en haut
- De glace
- Tous les visages
- Le lion imberbe
- Pointant le nord
- Tel un seul homme
- Moi Elsie
- Nos joies répétitives
- La plus belle des maisons
- Je déteste ma vie
- Deux par deux rassemblés
- C’est extra!