Morts et enterrés depuis neuf ans, les Goules ont largué une bombe la semaine dernière en sortant leur nouvel album, Coma. Pour l’occasion, j’ai rencontré Rabin Kramaslabovitch et Keith Kouna dans une ambiance décontractée au Valentine sur la 3e avenue à Limoilou.
Les jams du samedi à l’origine de la résurrection
La sortie inattendue de
Coma a naturellement soulevé quelques questions. On se demande d’ailleurs depuis combien de temps les Goules travaillaient-ils sur l’album: « Ça faisait un bout qu’on savait qu’on allait faire un disque. Le disque est fini depuis le mois de décembre! », raconte Kouna. Les membres du groupe, qui sont aussi de vieux chums, n’ont jamais cessé de se voir. Or, c’est un peu avant le départ de Kouna pour la France, il y a trois ans, qu’ils ont commencé à se retrouver tous les samedis pour pratiquer et composer des chansons: «On le faisait tranquillement, il n’y avait pas de pression pour sortir un disque, il n’y avait pas d’urgence. On faisait ça une
toune à la fois», dit Kouna, «du moment où on a commencé à faire des p’tits
jams les samedis et qu’il y a eu des affaires le fun qui en sortaient, on se disait que la fibre était encore là.» Rabin précise que ça allait de soi de continuer le processus puisque les musiciens avaient du plaisir et produisaient du matériel intéressant. Par ailleurs, les Goules ont été très discrets sur leur éventuel retour. Kouna explique: «On ne voulait pas se donner de pression. On n’en avait pas eu du tout et on voulait éviter d’être affublé de questions et de demandes. On était enterré et mort. Ça ne nous tentait pas de revenir tranquillement, on voulait revenir d’une
shot.»
En studio
L’album a été enregistré au Wild studio à Saint-Zénon (Lanaudière) avec Pierre Rémillard à la prise de son et Vincent Gagnon à la réalisation. Le Wild est un endroit très apprécié des musiciens, notamment pour sa localisation reculée dans la nature où les distractions sont rares. «C’était la première fois qu’on avait une subvention pour
taper un disque et c’était la première fois qu’on avait accès à un vrai studio. On a
checké deux ou trois options et on s’est dit que tant qu’à avoir des sous pour s’offrir un studio professionnel, ben on va y aller», dit Kouna, « on en a jasé avec Vincent et ça été un choix de band de s’en aller à Saint-Zénon.» Rabin ajoute que l’envie de travailler avec Pierre Rémillard, reconnu comme étant un très bon producteur, penchait beaucoup dans la balance. « On regardait avec qui on voulait travailler. Il y avait quelques noms, mais Pierre
fittait avec le rock des Goules», avoue Kouna.
La réalisation
Pianiste jazz de Québec et pianiste de Keith Kouna depuis huit ans, Vincent Gagnon signe la réalisation de l’album. Comme l’univers musical des Goules contraste définitivement avec celui de Gagnon, on se demande par quels moyens les deux parties ont réussi à travailler ensemble. «On connaissait bien Vincent à cause de la collaboration qu’il avait avec Kouna», raconte Rabin, «je pense que c’est quelqu’un qui s’adapte bien, qui est ouvert d’esprit et c’est un très bon pédagogue.» Kouna croyait qu’il était le choix idéal pour les Goules parce que « Vincent est tellement structuré. On se mettrait tous ensemble et on n’aurait pas sa structure. Il est arrivé au studio avec un immense tableau sur lequel était écrit tout ce dont on avait à faire. Il est hyper calme et ne part pas su’a brosse.» Gagnon maintenait l’équilibre et son implication dans le projet était totale. Ayant «une bonne tête de musique, au clavier comme à la rythmique», Gagnon a entre autres misé sur la constance du rythme et a travaillé beaucoup avec le batteur. «Il a été vraiment excellent», affirme Kouna.
Quand Kouna écrit
On le sait, Keith Kouna possède un talent pour les mots. Il est d’ailleurs derrière les textes de
Coma. Rabin tenait à dire que « quand Kouna était avec nous, ce qui était intéressant, c’est qu’il marmonnait souvent un peu n’importe quoi. À un moment donné, il y avait un mot qui sortait, comme
coma justement. Il improvisait. Il est magnifique pour trouver des mélodies vocales sur le rock.» Kouna procède beaucoup par improvisation et apprécie composer pour les Goules: « Avec les Goules, je peux faire éclater le
je et je me décolle de moi-même. L’univers des Goules me permet d’aller n’importe où, tout est permis et c’est franchement agréable. Je m’ennuyais de ça.»
Les spectacles à venir
Les Goules se produiront en spectacle dans les prochains mois et s’arrêteront au Cercle le 29 avril prochain. Comme le groupe est reconnu pour donner des shows complètement débiles, on peut se demander à quoi s’attendre: « C’est sur que la première
stretch qu’on va faire va être dans les bars ou les petites salles. Il n’y aura pas de figurant, mais on va se débrouiller pour donner des shows assez intéressants», nous promet Kouna. «Un grand retour au 5 ans d’âge mental» renchérit Rabin. Les spectacles des Goules sont des exutoires, un gros «Fuck Off!» comme le disent Kouna et Rabin. C’est pourquoi, selon eux, ils ont réussi à créer un bassin de fans fidèles qui a permis aux Goules d’accéder au statut de groupe culte.
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J’aime beaucoup terminer les entrevues avec un questionnaire qui permet de connaître les habitudes musicales des artistes qu’on aime. Kouna et Rabin se sont livrés au jeu et les réponses sont étonnantes et savoureuses.
Quel est votre album culte?
Rabin: King for a Day… Fool for a Lifetime de Faith No More. Je te dirais que c’est un album qui joue souvent, partout.
Kouna: Je ne sais pas si c’est mon album culte, mais c’est définitivement l’album que j’ai écouté le plus souvent depuis quelques années; Either/Or d’Elliott Smith. J’y reviens toujours. C’est le meilleur mélodiste depuis Lennon.
Qu’est-ce que vous écoutez quand vous êtes in the mood for love?
Rabin: Pour moi, Blues Funeral de Mark Lanegan et les albums de Mark Lanegan avec Isobel Campbell peuvent être de bons disques pour le
in the mood.
Kouna: PJ Harvey, Let England Shake et Mark Lanegan Blues Funeral aussi.
Meilleure musique pour les roadtrips?
Rabin: J’aime bien tout ce qui est vieux métal pour les roadtrips. J’aime le vieux Metallica, le vieux Mötley Crüe, le vieux Maiden. Je veux pouvoir chanter dans mon char.
Val: As-tu essayé la bière d’Iron Maiden?
Rabin: Oui! C’est une bonne bière! Elle n’est pas trop forte.
Val: ah oui! Eh ben…
Kouna: Ah! du Hank Williams III. L’album Staright to Hell.
Dernier album que vous avez acheté?
Rabin: Un disque de Big Business que j’ai acheté en ligne. C’est un groupe qui ressemble beaucoup aux Melvins.
Kouna: Je pense que c’est Astronomie d’Avec Pas d’Casque.
Plaisir coupable?
Rabin: J’en ai pas mal. Lady Gaga, pour vrai. J’adore cette artiste. C’est quelqu’un de créatif. Elle a de bonnes mélodies et elle a l’air maître de ce qu’elle fait. Elle aime le métal et je trouve ça fantastique. C’est une artiste qui est très complète.
Kouna: Moi aussi j’ai le plaisir coupable «Lady Gaga». Pas mal moins depuis un bout de temps.
Rabin: Moi, quand j’entends Bad Romance, je suis content.
Kouna: Sinon, il y a le chanteur qui chante comme une chèvre.
Rabin: Alain Bashung?
Kouna: Non, celui qui chante «Mon espérance à moi»… JULIEN CLERC! Quand la toune passe à la radio, je suis satisfait.
Quelle chanson aimeriez-vous qu’on joue à vos funérailles?
Rabin: Si je meurs avant Kouna, je lui ai demandé de jouer Déo pour que le monde pleure. Sinon, j’aime bien Angel of Death de Slayer.
Kouna: Angel of death de Slayer ou du Electric Wizard. Bof, je mettrais Folk. (chanson à saveur incestueuse tirée de l’album
Coma)
Rabin: Ou Kouna qui chante
Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion.
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