Photos : Jacques Boivin
Passé un certain âge, la jeune génération semble perplexe quand on lui annonce, tout souriant, qu’on écoute du rap (ou du hip-hop, même affaire!). Il esquisse un sourire, pis toi tu vois ça et tu t’emballes : le cours d’histoire peut commencer. En vain : à la minute que tu namedroppes Grandmaster Flash, les kids décrochent. Loin de moi l’idée de me qualifier de puriste, mais j’aime bien savoir quelle route a été parcourue pour justifier que ma destination soit la plus populaire en 2015. C’est une fatalité : l’rap, c’est une musique de jeunes POUR les jeunes, point barre. Tout ça pour dire que je suis allé voir Loud Lary Ajust à l’Impérial Bell dans le cadre des NuitsFEQ.
Pendant qu’une odeur de post-puberté envahissait la salle et que le paysage qui se dressait devant moi devenait, lentement mais surement, un forêt de capuches su’a tête, ce cher Toast Dawg est monté sur la scène avec Monk.e pour commencer ce spectacle ‘drette à l’heure (une première, dans mon cas. Bravo!). En fait, le set de Toast Dawg était, dans mon cas, un livre d’histoire du « rapqueb » qui s’ouvrait devant moi. Une magnifique clash générationnel, avec des MCs de qualité qui se succédaient. Le fait que le public continuait d’entrer ou de vaquer à ses inutiles occupations me dérangeait, mais « Feeling Light » d’Egypto et Waahli m’a fait décrocher. Les MCs multipliaient les efforts afin de faire embarquer un public qui m’apparaissait irrespectueux. Les rappers louangeaient le légendaire producteur en se succédant sur diverses pièces des deux volumes de Brazivillain ainsi que quelques tracks plus personnelles (s/o à Ken’lo pour sa reprise de Sugar Hill Gang). Ce jeune public s’est fait entendre lorsque Yes McCan a interprété « Moi pis mes Homies », et à la venue de Koriass, qui conclut ce set en lion avec un « Sorry » très énergique.Koriass ayant rendu la crowd hype (et quelques chants de « Olé » trés clichés), Eman est apparu, masque sur le visage, pour son set qui m’a déçu, dans l’ensemble. Pourtant, Eman et Vlooper sont une des forces tranquilles du rapquébécois : des productions soignées, soulful qu’Eman, un des meilleurs MCs bars-for-bars au Québec (son meilleur verse à vie est sur « Miracle Vivant », qu’il a fait), ride sans problème, avec une certaine désinvolture (presque). Mais ce duo manque de « charisme de scène » (ca existe tu, ça ), ce qui fait que je n’étais pas 100% dans leur performance. L’ajout de ModLee, pendant deux chansons, fut la bienvenue pour un « Back to Me » très senti. Eman s’est amusé avec ce jeune public assoiffé de meme en commençant un « Hotline Bling » qu’il a coupé court assez rapidement, sourire aux lèvres.
La foule devenait plus compacte : signe métaphorique pour moi de laisser la place à cette belle jeunesse qui voulait vénérer leur « rapqueb gods » : Loud Lary Ajust. C’est d’en haut, le sourire en coin que j’observais cette foule se dépêcher sur les nombreux hits de A-Justice, l’architecte du succès de LLA. L’énergie étais au rendez-vous : Loudmouth et Lary Kidd (et son dadbod) sautaient et s’appropriaient efficacement la scène de l’Impérial devant un public conquis d’avance. Leur performance puait l’assurance jusqu’au second étage : ils avaient la certitude que tout ce beau monde se sont déplacés pour eux et eux seulement. Les beats de A-Justice étais mis en grande valeur grâce à la batterie et la guitare (Elliot Maginot, by the way) afin que le tout soit à un autre niveau : celui de l’excellence. « Gruau » fut indécent (dans le bon sens du terme) et j’ai particulièrement apprécié l’implication d’A-Justice dans le spectacle, qui rendait le tout plus vivant et qui le valorisait comme membre du groupe à part entière (J’pas sûr, j’pense j’aime ben’ Ajust…). Loudmouth (qui as pris du galon au niveau charisme) et Lary Kidd n’ont pas pris leur public pour acquis et ont donné l’impression de tout donner pour le dernier tour de piste de leur Blue Volvo, tout en offrant deux nouvelles chansons de leur prochain projet, au passage.Peu importe: mes élucubrations de old head qui sombre dans un certain élitisme, je souriais subtilement en regardant une scène vivante et éclectique à souhait, remuer la tête sur de la musique originale et actuelle. L’accessibilité de LLA permet de faire briller efficacement le « rapqueb ».
Tout ce qui manque, c’est l’respect des médias.
[gallery type="rectangular" td_select_gallery_slide="slide" ids="17762,17763,17764,17765,17766,17767,17768,17769,17770,17771,17772,17773,17774,17775,17776,17777,17778,17779,17780,17781,17782,17783,17784,17785,17786,17787,17788,17789,17790,17791,17792,17793,17794,17795,17796,17797,17798,17799,17800"]]]>