Crédit: Marion Desjardins[/caption]
Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!
Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »
[caption id="attachment_11816" align="alignright" width="150"] Safia Nolin
Limoilou (Bonsound)[/caption]
Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, mais j’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).
https://www.youtube.com/watch?v=4NbHYWVe_ck
La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »
Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »
Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »
L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »
https://www.youtube.com/watch?v=CHt8yhfbMYo
Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil, c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!
L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.
Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »
Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.
On va être là.
Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.
CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!
(Photos : Marion Desjardins)]]>