Dans le cadre du Festival de la chanson de Tadoussac, nous avons rencontré Mehdi Hamdad, noyau du groupe Mehdi Cayenne Club. Impressionnés par son spectacle, on a voulu lui poser quelques questions. Or, comme on était à Tadoussac, une forme nouvelle d’entrevue s’imposait. À Tadoussac, beaucoup de rencontres sont spontanées, et la plupart des plans échouent… car ils sont planifiés (en tout cas, c’est ma théorie). Ainsi est née l’entrevue à la bonne franquette, où les questions sont aussi improvisées que les réponses, ce qui permet à l’entrevue d’aller dans tous les sens. C’est donc en se promenant et avec une cigarette au bec que Mehdi a commencé à nous parler de son art. Son groupe étant fondé depuis 2009, principalement pour réaliser sur scène ses compositions, Mehdi décrit leur style éclectique comme étant du funky-punk-folk. «C’est pas vraiment du punk, c’est pas vraiment du funk non plus, pis c’est vraiment pas du folk, mais il y a des couleurs très définies de ces trois éléments-là qui se retrouvent dedans». Il y aurait aussi «quelque chose de très éclaté, autant dans le range des émotions que dans la palette sonore.» Le fil conducteur de sa musique, pourtant très hétéroclite, résiderait surtout dans la forme des pièces : des chansons courtes, concises, mais punchées. Quand on a vu son spectacle, on peut s’étonner autant de la variété musicale que du caractère excentrique de l’artiste lui-même. Pour la musique comme pour les paroles, il semble en effet faire des alliages particuliers. C’est ainsi que, pour une de ses pièces, il a mis en musique un poème de Jacques Prévert, tout comme il avoue être influencé par ses origines nord-africaines. Or, il perçoit lui-même des éléments de ressemblance entre ces deux choses : «La sensibilité de Jacques Prévert me rejoint beaucoup. C’est vraiment drôle parce que si tu lis ce style de poésie (c’est du réalisme poétique), c’est souvent des images de la vie de tous les jours, mais qui sont transformées. Mes grands-pères en Algérie étaient des Imams, des Imams Soufi … et quand tu lis des textes poétiques de cette culture-là, les images sont très similaires aux genres de choses qui ressortent dans mes textes, et aussi que je retrouve dans Jacques Prévert, dans son écriture.» Comme il le montre par la profondeur de sa réflexion sur ses origines, ses influences et ses textes, on peut facilement constater que l’univers exploité par Mehdi Hamdad est bien travaillé. Inspiré beaucoup par la poésie, il cherche à la mettre en musique. Parfois, cependant, il ne fait que déclamer des vers, comme on a pu le constater aussi en spectacle : «La poésie c’est une grosse partie de ce que je fais, mais je n’aime pas quand la musique est simplement un tapis pour les mots, que c’est juste quatre accords plaqués dessus. La musique dit ce qui ne peut pas être dit en mots… c’est un peu trahir la musique de juste l’utiliser comme tapis.» Il conserve pourtant ces poèmes pour la scène uniquement, préférant réserver les disques à sa musique. D’ailleurs, lui et son groupe travaillent actuellement sur un nouvel album, à paraître en automne (dont vous pouvez écouter un extrait ici). Il assure que celui-ci sera plus posé, plus acoustique. «Bah, comparativement ! C’est sûr que c’est encore vraiment comme nous,» s’empresse-t-il d’ajouter en voyant mon air surpris (sa musique me semble très loin d’être acoustique). «C’est un peu une histoire, donc c’est plus soft,» explique-t-il. «Dans le nouvel album, tous les textes se recoupent, les champs lexicaux de chaque chanson se retrouvent… ça s’est fait naturellement.» Il ajoutait plus tôt aussi qu’on peut s’attendre à une palette sonore similaire à celle de la reprise du poème de Jacques Prévert, personnellement une de mes pièces préférées du groupe. Ce lancement d’album est donc à surveiller ! D’ici là, le groupe sera aussi en prestation le 11 juillet à Québec dans le cadre du Festival d’été. Vous pourrez les retrouver dès 12h à Place d’Youville. PS: Lorsque je lui ai posé ma traditionnelle question «quelle question rêveriez-vous de vous faire poser en entrevue?», Mehdi Hamdad a conclu qu’il aimait les questions surprenantes, mais qu’elles devaient concerner son art. Nous sommes heureux d’entendre un artiste, comme nous, préférer les questions de fond aux questions de surface. Le chanteur de Mehdi Cayenne Club sait donc quelle questions il ne rêve pas de se faire poser en entrevue! Crédit Photo: Gabriella Quesnel-Olivo]]>