Ce qui rend le rap fascinant, c’est sa rapidité (suis-moi bien, icitte là..). Tout va trop vite! Un projet n’attend pas l’autre et les canaux de communications sont de plus en plus accessibles. En effet, souvent, les meilleurs albums qu’on peut se procurer sont souvent ceux qui sont (légalement) gratuits. Le danger, dans cette façon de procéder, c’est ce que j’appelle (j’dois pas être le seul, mon analogie est boiteuse, anyway) le phénomène de « l’étoile filante » : mourir en-dessous de son hype. C’est pour cela que les rappeurs doivent être des plus créatifs afin de non seulement cultiver leur image, mais aussi rendre leur musique plus intéressante afin de ne pas voir leur carrière mourir dans les méandres des forums d’opinions. C’est dans cette optique, après #10Day et Acid Rap, que Chance the nous offre Surf, en compagnie de Donnie Trumpet & The Social Experiment, le premier (?) album gratuit offert sur iTunes le 29 mai dernier.
C’est quoi The Social Experiment (SoX, pour les intimes. s/o au White Sox)? C’est le backing band de Chance the Rapper lors de ses live shows, simplement. C’est qui Donnie Trumpet? Le trompettistes (ouin, c’est poche de même). C’est donc un album de rap sans 808 drums, ce qui est rafraichissant, mais correspond à une certaine tendance actuelle où les rappeurs veulent prouver leur potentiel de musicalité (voir : Koriass orchestral). Par contre, ce ne sont pas TOUS les rappeurs qui peuvent se permettre ces écarts de conduite, si je peux me permettre, puisqu’il faut avoir un certain sens de la mélodie et une bonne oreille. Comme indiqué plus haut, le dernier projet de Chance était Acid Rap, un album qui nous avait « jetés sur le cul » (c’est l’expression appropriée) et Surf est une suite logique de ce dernier opus sur le plan des paroles.
Chance a un avantage majeur sur beaucoup d’autre rappeurs (et artistes) : sons sens inné de la mélodie. Sa voix chantée n’est pas vilaine et il l’utilise sur Surf afin que ses bars (#BARS) soint bien ancrés dans des mélodies parfois mélancoliques, parfois plus soul, mais jamais agressives, ce qui est très nouveau et intéressant provenant de Chicago, capitale du gangstérisme américain et du ultra-agressif drill (voir : Chief Keef, GBE, etc.). Chance the Rapper, étant encore jeune, communique une certaine détresse post-adolescent qui est charmante et qui est très facilement comprise par de nombreux auditeurs. L’accessibilité de ses diverses paroles, sans pour autant abrutir ses auditeurs, nous démontre un potentiel « mainstream » ultra-intéressant, comme démontrée sur son ultra catchy « Wanna Be Cool », un hymne à la différence et à la marginalité qui définit très bien l’oeuvre de Chance the Rapper jusqu’à maintenant.
Musicalement, on retourne vers une forme de néo-soul qui faisait la pluie et le beau temps à l’époque (R.I.P Dilla), mais modernisé, avec des accents un peu plus funk par moments. On laisse beaucoup de place à Donnie Trumpet, qui utilise brillamment son instrument afin d’ajouter cette touche « magique » (oui, j’vais là) pour bonifier la chanson. Chance, même s’il est compétent, laisse la place à de nombreuses collaborations avec le who’s who de la scène rap contemporaine et quelques vétérans afin que le SoX puisse être la vedette. Ce que l’on constate avec cette album, c’est un désir d’avoir purement et simplement du plaisir au profit de l’art. Chance et sa bande semblent apprécier le moment présent et il témoigne à travers un album (gratuit, je le respécifie) qui s’écoute bien, sans plus. Sans réinventer le genre, Chance, Donnie et le groupe le bonifie et ajoute une nuance de plus à ce style fondamentalement mal-aimé (JE DÉCROCHE PAS!). Bref, Surf porte bien son nom : un album chill (OUF ! Oui, J’ai fait cette connexion douteuse …)
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