Tire le coyote
Panorama (La Tribu)[/caption]
Benoit Pinette, alias Tire le coyote, avait une grosse commande : créer un successeur digne de Mitan, un des plus beaux albums que j’ai eu la chance d’écouter ces dernières années. Voix surréelle, très haute, comme Neil Young, une influence manifeste, mais aussi une plume magnifique, remplie d’humour, remplie de toutes sortes d’images de toutes sortes de couleurs.
Enregistré au studio Victor à Montréal et réalisé par Benoit Pinette lui-même, Panorama est le résultat de cette grosse commande. Sur ce disque, Pinette abandonne les teintes un brin morriconesques de Mitan et donne libre cours à un folk que certains pourraient peut-être trouver moins planant et atmosphérique, mais que d’autres trouveront plus direct et sincère.
Panorama, c’est un livre contenant neuf belles histoires racontées avec génie par Pinette. Des histoires de toutes sortes, racontées du point de vue d’un gars qui mélange savamment richesse du vocabulaire et accents populaires. Un folk pur, où la musique est au service des textes du troubadour.
Pinette a structuré Panorama comme un recueil d’histoires, avec deux jolies pièces instrumentales en guise de couverture. À l’intérieur, on savoure ces histoires et on plonge dedans. En s’approchant de ses racines, Pinette s’est aussi approché de l’auditeur, qui embarque dans le spectacle et qui, pendant une chanson comme Moissonneuse-batteuse, se joint à la fête en entonnant le refrain à tue-tête (Le courant passe, reste à choisir le chemin, on branchera nos radars dans le 220) et en tapant des mains. Quant aux chansons moins rythmées, elles constituent autant de réflexions justes d’un gars qui a les deux pieds bien soudés dans notre monde. Une pièce comme Rapiécer l’avenir aura le même effet chez toutes les personnes qui vieillissent, qu’elles aient 20 ou 80 ans.
Benoit Pinette a aussi fait appel à Stéphane Lafleur pour une chanson. Celui-ci lui a offert Les chemins de serviettes, toute douce et poétique, à l’image de son auteur, mais soyons honnêtes : cette chanson colle à la peau du coyote, qui l’a vraiment mise à sa main.
On peut difficilement rester indifférent à l’écoute d’un album si finement préparé, beaucoup plus près de la pièce d’artisanat que du bien de consommation. À l’ère du tout-numérique, de l’autotune et des batteries programmées, il y a quelque chose de fascinant dans cet album où la clarinette réchauffe l’atmosphère. Un album qui nous fait apprécier la profondeur de la contrebasse. Et, parce que c’est là sa principale force, qui nous fait aimer écouter la musique que Pinette et sa bande aiment jouer.
Merci pour le beau voyage.
http://youtu.be/n8_W02dYkUo]]>