Beauport, sur la rue Clémenceau, il y a un commerce d’entreposage. Des rangées et des rangées de portes de garage derrière lesquelles sont stockés des effets personnels des plus anodins allant jusqu’à des articles d’une certaine valeur. Derrière ces portes anonymes, qui se ressemblent tous, nous pouvons aussi y trouver des bands de musique qui se servent de ces espaces comme local de jam. Des bands de la banlieue qui n’ont pas vraiment le choix de trouver des solutions de rechange à des locaux de jams plus conventionnels qui sont inexistants à Beauport, Charlesbourg et même Cap-Rouge. [gallery type="slideshow" ids="3765,3764,3766,3770,3768,3767"]
Au terminus Beauport, il fait gris. C’est un dimanche de pluie, mais je l’esquive en sautant d’un bus à l’autre. Du 800 au 55, qui va me mener dans le haut de Beauport, vers Ste-Thérèse-de-Lisieux. J’y ai grandi et je déteste y retourner. Chaque voyage y est une aventure et cette fois-ci n’y fait pas exception. Le 55 me laisse au milieu d’un étalement de béton. Il y a la 40 qui me borde d’un côté et de l’autre un micro-village de commerces sans âme affublés d’un Cinéplex Odéon. Une vue grotesque dénuée de bon goût qui est pourtant le symbole de la renaissance de Beauport. J’emboîte le pas vers le quartier industriel, qui se trouve en haut d’une petite côte qui n’est aucunement appropriée pour un être humain à chaussures de toile un peu cheap comme moi.
[gallery type="slideshow" ids="3771,3772,3769"] Entreposage Domestik s’étend tel un champ de métal et de bitume. Un vaste paysage industriel aux palettes d’orange et de gris. À la cinquième rangée, j’y trouve un band de hardcore en train de décharger leur gear tout en se racontant des anecdotes salaces sur les conquêtes de leur chummey Jeff la nuit d’avant. Ce n’est pas eux que je suis venu voir. Je continue mon chemin pour y retrouver deux jeunes hommes qui m’ont l’air très sympathiques. Simon et Étienne, deux jeunes musiciens qui n’ont même pas encore percé la vingtaine et qui ont pleins de projets dans la tête. Entre autre, ils ont fondé un label de cassettes spécialisé dans le shoegaze, le dreampop et la musique improvisée et leur quartier général se situe dans un petit local loué dans le quartier industriel de Beauport. Ils y hébergent leurs multiples bands formés lors de jams improvisés.Alright Tapes
On fait dans l’instantané. Nimbes compose une ou deux chansons par pratique et les autres projets sont presque des jams. On les peaufine c’est sur, mais ça reste direct. Il y a des erreurs, mais on fait confiance en notre talent et on envoie nos émotions dans ce qu’on fait. Ça fait un contenu un peu inégal, mais on l’assume et on essaie toujours que la prochaine soit meilleure que la précédente. – Simon Provencher, Nimbes et Alright Tapes
Les deux gars me font faire le tour de leur local. Un endroit très commun qu’ils ont transformé en un exutoire pour leur rage créatrice. D’un côté, il y a des instruments éparpillés en deux divisions : les bands du quatuor qui composent le micro-label Alright Tapes et Medora, un nouveau band aux allures de post-rock francophone. De l’autre côté, tout prêt de la porte de garage qui leur sert d’entrée, se trouve le coin d’écoute et d’enregistrement. Parsemé de deux divans très vieillots, d’un ordinateur et d’un tape cassette posé soyeusement sur un micro-ondes qui a rendu l’âme il y a quelque temps de ça.
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Medora, c’est le premier band qui a poussé Simon à sortir de sa chambre à coucher chez ses parents à Charlesbourg pour commencer à composer plus sérieusement et activement. Après avoir fait quelques shows avec le band, Simon décida de se concentrer plus sur ses projets, pour y aller à son rythme et surtout, ne pas se prendre trop au sérieux et se laisser aller à sa folie.
En plus de Simon et Étienne, le quatuor est formé de William, un étudiant en graphisme au cégep de Ste-Foy, que Simon connait depuis le secondaire et Samuel Goux. Ce dernier a approché Simon après un show de Medora parce qu’il se cherchait des musiciens avec qui jouer. Il a enregistré un album avec Simon ( qui porte le joyeux nom de Sigmund Fraise pour ces projets solos ) qui se retrouve dans le catalogue de Alright Tapes.
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