Bonnaroo 2012 : Le parfait bonheur… et coups de chaleur

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Vendredi 8 juin 2012

Après une relativement bonne nuit de sommeil, il était temps de nous attaquer au jour deux du festival. C’est la journée où j’ai perdu mes amis deux fois plutôt qu’une!
Mon premier spectacle de la journée a été celui de Ben Howard, auteur-compositeur-interprète britannique qui me rappelle un peu David Gray et Van Morisson. That Tent n’était pas vraiment remplie, ce qui m’a permis de m’approcher raisonnablement vers l’avant. Howard a quand même charmé la foule présente avec une pop efficace et des chansons d’amour tristes à arracher un coeur, ce qui semblait être le thème de l’après-midi. À surveiller si jamais il passe dans le coin. Il vaut le détour.
L’artiste suivante, Laura Marling, était dans ma liste d’artistes à voir absolument. Je l’ai manquée lors de son dernier passage à Québec et selon les critiques que j’avais lues, j’avais raison de me mordre les doigts.

Laura Marling – Photo : Jacques Boivin

Bon. J’avoue, il doit être plus agréable de voir la talentueuse et jolie auteure-compositrice-interprète en sirotant un Black Velvet à l’intérieur d’un bar, un soir de pluie ou de neige, qu’au beau milieu d’un vendredi ensoleillé sous une tente au Tennessee. C’est ce que semble s’être dit le public, qui était peu nombreux et qui est probablement allé se faire voir au show de Two Door Cinema Club.
C’est tant pis pour eux, parce que ceux qui sont venus voir Marling ont eu droit à un peu de magie. L’ambiance était vraiment particulière, le public écoutait religieusement toutes les chansons, applaudissait chaleureusement, mais sagement, à la fin de chacune d’entre elles. Il régnait dans That Tent un flegme ô ma foi typiquement anglais!
Une de mes prestations préférées à Bonnaroo.
Après Laura Marling, mes amis se sont dirigés vers The Other Tent pour y voir la prestation de Trampled by Turtles, que je voulais voir également, mais pas sans avoir vu quelques instants de Fitz & the Tantrums. Je me suis installé un peu en retrait de la tente avec mon souper et j’ai écouté le groupe.
Le groupe de Michael Fitzpatrick fait dans la pop teintée de soul. C’est gentil, c’est joyeux, ça rend de belle humeur, et c’est parfait comme musique d’accompagnement avec une Spicy Pie.
Des hippies qui dansent – Photo : Jacques Boivin

J’ai essayé ensuite de trouver mes amis, qui avaient un peu bougé depuis que nous nous étions laissés. En vain. Tant pis. Je suis allé me chercher une Woodchuck (l’attente est plus facile avec du cidre) et je suis allé m’installer pour attraper quelques minutes de Trampled by Turtles.
L’ambience y était assez festive, comme vous pouvez le constater…
Trampled by Turtles, c’est un groupe d’indie folk originaire du Minnesota.
En termes de musique, on peut difficilement faire plus « terroir ». Pourtant, le plaisir des (jeunes) musiciens de jouer tous ensemble, comme pendant une veillée dans le salon, est extrêmement contagieux. On danse, on tape des mains, on se rappelle pourquoi on est allé au coeur de l’Amérique des rednecks. Je n’ai vu que quelques chansons, mais bordel que j’ai eu du plaisir!
St. Vincent avait une drôle de case horaire : en concurrence directe avec Dawes (heureusement, il s’agit de deux styles de musique complètement différents, et j’avais déjà eu la chance de tomber amoureux de Dawes au FEQ l’an dernier), juste après la prestation de Feist (ça devait courir entre Which Stage et That Tent), en même temps que Rodrigo y Gabriela (j’aurais beaucoup aimé les voir eux aussi), et à quelques heures de Radiohead (les gens sont arrivés à What Stage longtemps d’avance).
La foule y était donc beaucoup moins nombreuse que je ne l’aurais cru, compte tenu de la notoriété de l’artiste qui était devant nous.
St. Vincent – Photo : Jacques Boivin

Il y avait quand même quelque chose qui tenait du rêve devenant réalité à ce spectacle : Annie Clark m’a toujours fasciné. Elle est toute petite, toute frêle, et pourtant, elle rocke solide, son jeu de guitare est reconnu, en plus d’être assez unique.
Eh ben, ce spectacle a eu le même effet sur moi. Annie Clark nous balance deux bombes dès le début. Ses pièces les plus connues sont déjà jouées au milieu du spectacle. Elle nous balance une reprise d’un groupe punk que je ne connais pas. Un artiste normal se garderait un ou deux succès pour la fin, non? Pas Clark. Elle a assez confiance en son matériel pour terminer sa prestation avec une pièce, Krokodil, qui ne figure sur aucun album et qu’elle a lancée en 45 tours pour le Record Store Day! Elle s’est même permis un peu de surf dans la foule sur cette pièce!
Un seul groupe pouvait dépasser cette prestation et j’allais le voir quelque minutes plus tard, en compagnie de 70 000 autres personnes…
Je suis allé m’enfiler une ou deux bonnes bières au Broo’ers Fest, là où une vingtaine de microbrasseries se sont réunies pour nous faire goûter leurs produits. ON PREND DES NOTES, FESTIVAL D’ÉTÉ! Pendant que j’étais assis, sifflant mes « petites frettes », j’ai pu voir une partie de la prestation de Foster the People. Je dis bien « voir » parce que malheureusement, de l’endroit où j’étais, il était impossible de bien entendre une scène en particulier, bombardé de partout que j’étais. Paraît que c’était bon. En tout cas, le monde semblait bien s’amuser.
La dernière fois que j’ai eu l’occasion de voir Radiohead, c’était le 5 août 2001 au parc Jean-Drapeau. Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était au lendemain de mon dernier gros traitement de chimiothérapie. Ma présence ce soir-là, c’était comme si je disais à la vie que j’avais gagné mon combat. Thom Yorke et sa bande nous avaient gâtés.  Trois rappels, Just, vraiment, on en avait eu pour notre… 35 $.
Cette fois, rien de symbolique. Juste Radiohead, moi, et des dizaines de milliers d’autres personnes, dont un grand nombre voyait le groupe britannique pour la première fois. Ils allaient être servis!
Tout d’abord, pour les fans de la première heure, il est important de comprendre que si Radiohead est encore aussi pertinent près de 20 ans après Creep, c’est parce qu’il a su se renouveler. Après tout, OK Computer constituait un virage par rapport à The Bends… et que dire de Kid A/Amnesiac, qui emmenait le groupe dans une toute autre direction?
La présente tournée de Radiohead sert à nous faire apprécier un album mal-aimé, soit King of Limbs (qui n’a de réel défaut que celui d’être bien trop court) et de faire entrer un autre album dans la légende, soit In Rainbows (qui devient de plus en plus mon album préféré du groupe à chaque écoute en raison de sa grande profondeur). Vous comprendrez donc qu’une grande partie des chansons provenait de ces deux sources.
Sur le plan scénique, les jeux d’éclairage, les écrans (géants et mobiles), tout était là pour mettre en valeur la musique du groupe. Sur le plan musical, le groupe était particulièrement en forme, Yorke était plutôt volubile et dansant. D’ailleurs, depuis qu’il s’est mis à danser, il dégage une énergie… certains diraient sexuelle, mais bon. Disons que ça communique bien avec le public.
Pour moi, le plus beau moment a été le deuxième rappel : comment peut-on ne pas apprécier un spectacle qui se termine par l’éthérée Reckoner (une des plus jolies chansons composées par Yorke et sa bande) et par la légendaire Paranoid Android, qui n’a pas pris une ride, même après 15 ans.
J’allais bien dormir, ce soir-là. Et ce n’est pas le spectacle d’Umphrey’s McGee, qui s’est étiré jusqu’à 6 heures du matin, qui allait m’en empêcher.

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