Pour en finir avec le Threedaysgate

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Threedaysgate. Je me trouve drôle, mais en même temps, il faut admettre qu’il résume tout à fait la situation. Pas mal mieux que le terme Louisjeangate que j’ai vu apparaître dans certains médias, en tout cas. Pourquoi? Parce que dans toute cette histoire, Louis-Jean Cormier n’est qu’une victime collatérale de certains fans de Three Days Grace frustrés de n’avoir pu entrer au Parc de la Francophonie pour voir leur groupe. Si TDG avait été présenté mercredi soir, personne ne se serait plaint à propos de Louis-Jean. Aucune comparaison fallacieuse n’aurait été faite. On se serait tout simplement plaint de la taille du site, comme les fans d’autres types de musique le font depuis plusieurs années quand ça déborde et qu’on doit se contenter d’écouter le show. Et les autres leur auraient rétorqué, avec raison, qu’on savait depuis avril qu’il y aurait du monde et qu’ils n’avaient qu’à arriver tôt et que les premières parties font également partie du show. Après tout, on n’a fermé les portes du site qu’à 20 h 45, on est loin d’une première, ici, ça arrive quelques fois par année. Pour ceux qui se plaignent du booking, l’hypothèse la plus vraisemblable est simple : On a simplement donné à Three Days Grace la meilleure case disponible au moment où ils pouvaient jouer. En effet, il semble que le groupe a été signé à la fin du processus, alors que Cormier a été visé par l’équipe de Louis Bellavance dès le début. Sachant cela, le FEQ avait deux choix (en fait, il en avait un troisième, mais… j’en parlerai plus loin) : laisser passer l’occasion (on l’aurait jamais su) ou signer le groupe en espérant que ça ne déborde pas trop. On sait tous quelle option le FEQ a choisie, au grand bonheur de ceux qui ont pu entrer. Ce qui veut dire qu’on sait depuis l’annonce de la venue du groupe que le Parc de la Francophonie se remplirait rapidement et qu’il valait mieux se préparer en conséquence (ou en subir les conséquences). Cela dit, on a beaucoup entendu de personnes déçues indiquer qu’on aurait dû inverser les artistes et envoyer Louis-Jean au Parc de la franco. La grande majorité de ces personnes n’avaient aucune mauvaise intention à l’égard de Cormier, elles étaient juste déçues, et généralement, quand on prend le temps de leur expliquer que Three Days Grace aurait attiré à peu près autant de monde sur les Plaines et que la même situation se serait produite avec les fans de Cormier, ça se termine là. À la limite, on se met d’accord sur le besoin d’une scène intermédiaire entre le Pigeonnier et les Plaines, et ça se termine là. Vous voyez, Louis-Jean n’a absolument rien à voir dans cette histoire. Beaucoup de déception, certes. C’est compréhensible et j’ai de la sympathie pour les fans qui n’ont pas pu voir leur groupe préféré.

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Le problème vient d’une infime minorité d’élitistes bien-pensants et forts en gueule pour qui tout ce qui vient d’ici n’est jamais assez bon et qui profitent de chaque occasion qu’ils ont de le faire savoir. Ils sont faciles à reconnaître sur les réseaux sociaux, ils partagent souvent des symboles dans leurs photos de profil ou leurs avatars. Et leur discours est prévisible : la musique d’ici, c’est mauvais, sinon, on n’aurait pas besoin de quotas pour la diffuser. Mais c’est drôle, cet argument ne tient plus quand on leur répond que Three Days Grace est canadien et qu’il a très probablement bénéficié des quotas CONCAN pour mousser ses ventes (et que c’est très bien ainsi). Ils sont en guerre. Ce n’est pas une guerre culturelle. C’est une guerre idéologique. Ils n’ont rien contre Louis-Jean Cormier personnellement (mais ils aiment bien faire des jeux de mots cons avec son nom, par exemple en l’appelant Louis-Jean Cornet), ils ne l’ont jamais écouté (et ils s’en vantent). Ils en ont contre le fait que le gars a reçu des subventions (en oubliant encore, parce que c’est utile quand on est en guerre idéologique d’avoir une mémoire sélective, que TDG a aussi reçu de généreuses subventions de l’État, comme tout artiste ou groupe canadien). Pour eux, deux soirs de musique francophone sur les Plaines, c’est comme si tout à coup, TOUS les soirs étaient francophones. Vous avez entendu leurs appels à la diversité? Pour eux, la diversité, c’est mauditement uniforme. Et faut que ça soit uniforme à LEUR goût. LÀ, on peut parler de diversité. Pour montrer « que le Québécois, ça pogne pas », ils vont même utiliser des photos prises presque une heure avant le début du programme principal en disant « Ha, ça, regardez comment y’a de monde pendant que Cormier joue! » Généralement, quand on les prend les culottes baissées, ils disparaissent ou lâchent un super mature « vachiermangedelamarde ». Avec ceux-là, il n’y a rien à faire. À part ne pas les écouter. Parce que leur répondre leur permet de faire leur activité préférée : jouer aux victimes. De toute façon, si on avait fait la permutation et renégocié les modalités de l’entente signée avec Cormier (en payant, bien entendu, les pénalités prévues au contrat, parce que c’est comme ça que ça fonctionne dans un monde où le marché est roi), ces mêmes gueulards se seraient plaints de la grosseur du cachet de Louis-Jean par rapport à la scène où il joue. Et évidemment, y’a de l’argent de nos taxes là-dedans. Tsé veux dire.

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Ah, juste un petit mot destiné aux gens avec qui on peut raisonner (heureusement) : j’ai souvent lu dans les commentaires que Québec était une ville de rock. Ça serait le fun de le démontrer à l’extérieur du Festival. Quand les organisateurs doivent annuler le spectacle d’Alice in Chains à l’Agora et le déplacer à Montréal parce qu’on n’a pas vendu assez de billets, et quand on doit déplacer le spectacle de Scott Weiland au Cercle, on indique aux programmateurs du FEQ que le rock est à l’agonie. C’est pas le cas? Allez les voir, les shows.]]>

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