Festival de la chanson de Tadoussac – Compte rendu, 1er juillet 2018

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C’est après avoir snoozé quelques dizaines de fois que nous avons entamé la journée de dimanche qui s’avérait lourde en émotions. Non seulement allions-nous encore découvrir quelques nouveaux artistes tous les plus étonnants les uns que les autres, mais il s’agissait de la dernière journée de ce court mais chargé périple au sein du festival de la chanson de Tadoussac. Cette pour le moins attrayante et douce ville allait nous manquer, non seulement car nous y avons fait de merveilleuses rencontres, mais également car l’esprit festif s’était emparé de nous comme du village entier. Rétrospection de cette quatrième journée de musique, mais surtout, de stupéfaction. Ilaria Graziano & Francesco Forni [caption id="attachment_63345" width="300" align="alignright"] Ilaria Graziano & Francesco Forni – Photo : Jay Kearney / FCT[/caption] Déjà en les voyant entrer sur scène, je savais qu’il me serait impossible de ne pas adorer ce charmant duo italien dont la passion commune se traduit par des airs empruntant à la fois au folk, au blues et au tango argentin. Essayant de démêler les multiples fils qui entouraient son ukulélé, Illaria Graziano s’est tout de suite fait chérir par le public, alors qu’elle lui parlait à la manière d’une discussion de salon. À ses côtés, Francesco Forni tenait sa guitare bien fièrement et se faisait complice de cette dernière malgré le contraste de hauteur entre ces deux personnages à la fois timides et authentiques. Malgré une petite difficulté à s’installer avec leurs instruments, le silence s’est immédiatement anéanti dès la première note jouée. La voix joliment féminine et théâtrale de Graziano a su faire planer une ambiance rappelant, je ne pouvais me départir de cette image, les triplettes de Belleville. Malgré le gros chandail que je portais et qui tantôt me donnait chaud, la chair de poule m’a tout de suite envahie tellement la voix me semblait provenir d’un autre univers. C’est sans oublier de mentionner la grande diversité de leurs compositions, qui mélangent à la fois le français, l’espagnol, l’anglais et leur langue natale, l’italien. C’est ainsi un mélange de cultures qui ressortait du duo, alors que leur style musical nous faisait voyager à l’autre bout du monde avec eux, tantôt sur une plage européenne, tantôt sur un plancher de danse en Argentine. Je n’ai pas pu faire autre chose que de les adorer et de les réécouter, ce qu’ils offrent étant nul autre que de la bonne humeur et un voyage à modique prix. C’est la canicule : profitez-en pour découvrir leurs airs qui vous donneront au moins une raison d’avoir chaud. Michel Robichaud [caption id="attachment_63344" width="300" align="alignright"] Michel Robichaud – Photo : Jay Kearney[/caption] Si ce québécois s’est vu récompensé tout au long de son parcours professionnel par de nombreux prix et récompenses, c’est un autre triomphe qu’a été sa représentation ce dimanche. Le style de Michel Robichaud peut semer la confusion à la première écoute, lui qui qualifie sa musique de folk progressif sympathique, mais il s’agit cependant d’un univers fort intéressant que le public a découvert. Son jeu à la guitare était sans pareil, puisqu’il joue à lui seul ce qu’un minimum de deux guitaristes jouerait en symbiose pour en arriver à ce son. Certains avaient également pu le découvrir plus tôt lors du festival aux chemins d’écriture, sa plume étant forte originale et intéressante. S’il y a bien une chose qu’on ne peut lui enlever, c’est qu’il est bon pour chanter vite. Son titre Comme tout le monde m’a ainsi particulièrement charmée par la quantité étonnante de mots qui se trouvent en l’espace de quatre courtes minutes. Il utilise régulièrement des phrases choc et ironiques tels que « Pourquoi trop de pourquoi? Parce que trop de parce que » qui ont un effet direct et qui apportent à la réflexion. Ce que je me souviendrai notamment de Robichaud est son titre Le vol, où l’histoire du vol d’une guitare y est racontée du point de vue de trois protagonistes : le voleur, le musicien et Edgar le dictionnaire. J’ai perçu à travers cette seule composition tout le talent de l’artiste sur scène, qui non seulement utilise ses mots de manière très habile, mais a également un énorme talent pour capter l’intérêt des auditeurs. Oui, en chantant de façon juste les notes, mais surtout en les interprétant à la manière d’un conte très poétique. On a également affaire, par la polyvalence de ses rythmes, à plusieurs univers dans une seule et même chanson : elle commence assez doucement à la manière folk, puis devient plus rythmique et énergique pour ensuite se transformer en un énorme jam. C’est finalement avec Le parfait ouvrier que s’est conclue en force sa prestation, et je dois dire qu’il m’a fallu plusieurs heures par la suite pour me sortir ses paroles de la tête, qui y tournaient en boucle. Je lui lève mon chapeau. Afrikana Soul Sister [caption id="attachment_63343" width="300" align="alignright"] Afrikana Soul Sister – Photo : Jay Kearney[/caption] C’est sans aucune attente que je me suis rendue au spectacle de Afrikana Soul Sister, car oui, je l’admets, je n’avais pas vraiment pris le temps de me renseigner sur ce groupe avant de venir les voir. Coup de pelle dans la face. Mélangeant rythmes de l’Afrique avec électro, c’est tout un univers qui se dégage des compositions du groupe. Jean-François Lemieux, aux commandes du mix sonore, assure une énergie constante alors que des percussions font écho, créant une ambiance totalement dépaysante, pendant que la voix de Djely Tapa résonne à travers la scène Québécor de façon gracieuse. Le quatuor dégageait une force de vivre, et on sentait qu’ils donnaient tout ce qu’ils avaient. Oui, c’était beau à voir. Le sourire tourné vers le public et les yeux levés vers le ciel, la chanteuse avait sa place dans cette salle située dans une église des plus majestueuses. Le portrait que j’en ai gardé restera un très beau souvenir. Cependant, peut-être était-ce parce qu’il était encore tôt dans l’après-midi et que je n’étais pas encore prête à recevoir ce genre musical, mais j’ai trouvé que, par bouts, les rythmes étaient peut-être trop intenses. J’avais peine à distinguer les instruments les uns des autres en raison d’un mélange trop acharné à mon goût. J’aurais souhaité trouver un peu plus de modération dans les compositions, car individuellement, les instruments étaient habilement manoeuvrés et apportaient un son à la fois intéressant et original. Hormis cette surcharge au niveau des tonalités, je dois dire que Afrikana Soul Sister sort de l’ordinaire et pourra plaire à ceux cherchant balance entre modernité et ancestralité. C’est par ces trois groupes que s’est achevé pour moi le Festival de la chanson de Tadoussac. Moi qui étais débarquée pour la toute première fois dans cette ville, je dois dire que j’ai eu bien de la misère à la quitter. Non seulement ai-je été extrêmement bien accueillie, mais j’ai également eu la chance de participer à l’un des plus beaux festivals de ma vie. J’ai déjà hâte d’y retourner l’année prochaine, mais pour l’instant, je me réconforterai avec tous ces beaux moments que cette superbe programmation m’a fait vivre. Un gros bravo au comité d’organisation, c’est un excellent boulot qui a été fait et qui a porté ses fruits pour une 35e édition. Tadoussac, on se dit à bientôt!]]>

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