[Spectacle] L’art de secouer le manouche – Brasser Brassens au Café-Bar Le Zénob, 6 février 2016

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Une foule composée de gens de tous âges s’est rassemblée, le 6 février dernier, pour écouter des reprises de Georges Brassens au Café-Bar Le Zénob. Résultat : Brasser Brassens est très loin d’être un « band de covers ». Le duo complice formé d’Hugo Blouin (voix et contrebasse) et de Sonia Painchaud (voix et accordéon) a livré une prestation très énergique. La preuve : à la fin du spectacle, un spectateur clame haut et fort « qu’il a de l’énergie pour un mois ». Aucune exagération dans cette affirmation : l’enthousiasme et la passion dégagés par les musiciens sont palpables et très contagieux. Les membres de la formation se montrent souriants, avec un regard visuel démontrant leur aisance avec le public. Entre les chansons, Blouin et Painchaud font part d’anecdotes sur le groupe (sa formation lors d’une fête pour un proche des Îles-de-la-Madeleine ou encore à propos de son passage en Suisse chez un vignoble) ou sur les chansons de l’univers brassensien. Se démarque également l’humour pince-sans-rire de Blouin, qui se permet d’évoquer de manière badine les revers de la vie agricole ou encore de demander aux spectateurs de crier comme de chats à l’agonie. Tant pis pour les chatons mignons de YouTube. Rendre hommage à ce vilain matou que pouvait être Brassens par le biais d’une contrebasse et d’un accordéon s’avérait périlleux, tant les amateurs de ce monstre sacré de la chanson française se montrent fervents. Comme Blouin et Painchaud connaissent plus que deux accords en plus de maîtriser le sens de la mélodie, les chansons interprétées sur scène transcendent la simple reprise : elles reçoivent carrément un nouveau souffle. Quelques exemples ici. La pièce « Mourir pour des idées » prend une tournure solennelle, lorsque jouée à la contrebasse avec l’archet, utilisé seulement pour cette chanson. Quant à la voix haute perchée de l’accordéoniste dans certains bouts de « La Mauvaise Herbe », elle évoque une jeune Barbara en pleine période parisienne. « Chanson pour l’Auvergnat » fait penser de son côté à « Amsterdam » de Brel. Des références à la musique folklorique dans « Pauvre Martin » et des Balkans dans « Les trompettes de la Renommée » confirment que Brasser Brassens se montre respectueux envers l’œuvre originale, tout en se la réappropriant.

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Si certaines personnes peuvent être déconcertées par l’absence de guitare, arme de prédilection de Brassens pour mitrailler ses chansons, il n’en reste pas moins que les purs et durs ne se sont pas montrés prudes. Ils ont plutôt sauté à pieds joints dans la proposition musicale. De plus, comment garder nos tympans insensibles quand les deux comparses alternent en une seule chanson rythmes lents et rapides ? Quand Blouin exécute un solo de contrebasse comme une « rockstar » alors que Painchaud change de notes comme si c’était une course contre la montre ? Quand leurs deux voix se marient pour faire trembler le Zénob sans aucun micro lors du rappel ? Brasser Brassens relève donc un double défi : rendre hommage à un incontournable de la chanson française tout en adoptant une identité musicale propre. Sur scène, cette combinaison permet d’offrir une très belle surprise ! Crédits photos : Adrien Le Toux [gallery type="rectangular" ids="21119,21120,21122,21121"]]]>

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